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vol.10 issue1Liberalismo y masonería entre Europa y América. Diego Correa (1772-1843) de Manuel Hernández González. Santa Cruz de Tenerife: Ediciones Idea, 2017. 245 páginas. ISBN: 978-84-1675950-7Monarcas masones y otros príncipes de la Acacia author indexsubject indexarticles search
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Revista de Estudios Históricos de la Masonería Latinoamericana y Caribeña

On-line version ISSN 1659-4223

REHMLAC vol.10 n.1 San Pedro, Montes de Oca May./Dec. 2018

http://dx.doi.org/10.15517/rehmlac.v10i1.33206 

Reseña

L’Amérique latine et la Caraïbe des Lumières : Une franc-maçonnerie d’influence de Alain de Keghel

Céline Sala1 

1Universidad de Perpiñán, Francia, celine.sala@umontpellier.fr

Cet ouvrage, sous la direction d’Alain de Keghel, ancien diplomate et dignitaire du Suprême Conseil du Grand Orient de France, livre une étude sur la réalité du « fait maçonnique » à l’échelle d’un vaste espace géopolitique, l’Amérique Latine et la Caraïbe, où la Francmaçonnerie a toujours dans son Histoire rencontré un vif engouement.

Il n’existait cependant encore aucun ouvrage embrassant l’histoire de la Franc-maçonnerie de cette partie du monde dans son ensemble. Cela force donc la reconnaissance pour ce travail renseigné, qui vient prendre rang dans l’historiographie maçonnique de ces espaces amérindiens et caribéens. Les auteurs, passionnés et souvent initiés à l’Art Royal, ont relevé le défi en se livrant à un inventaire érudit qui autorise le lecteur à prendre la mesure de la réalité de l’Ordre maçonnique dans ces territoires ultramarins et cela, autant dans les enjeux géopolitiques contemporains que dans ceux maçonniques.

Voici, en outre, un sujet rarement traité en français, quasi inconnu en France, malgré l’influence exercée par la France dans la diffusion de la Franc-maçonnerie dans ces territoires latino-américains et caribéens et qui en mérite, de fait, toute l’attention nécessaire.

Cet essai réalisé sous l’égide de l’expertise d’Alain de Keghel, à partir de la mise en perspective de synthèses claires et documentées, livre donc un panorama général, riche et instructif, de la Franc-maçonnerie contemporaine en Amérique Latine et dans la Caraïbe. Dans cette perspective, l’enquête est conduite selon un plan organisé en chapitres indépendants qui correspondent à un découpage et à des réalités géographiques. Le premier chapitre s’attache ainsi à présenter la Franc-maçonnerie mexicaine dans une logique chronologique, dès ses premiers pas. Ensuite place à « 150 ans de FM en Amérique Centrale » (chapitre 2) où tour à tour le Costa Rica, le Salvador, le Nicaragua, le Guatemala, Honduras et le Panama sont évoqués. Ensuite, la Caraïbe est mise au jour (chapitre 3) tant dans les Antilles françaises qu’en Guyane que dans les Antilles américaines (Chapitre 5- Cuba et Haïti). S’ensuit un portrait de la Franc-Maçonnerie en Amérique du Sud septentrionale et occidentale (chapitre 6) pour éclairer par la suite le Brésil (chapitre 7) puis le Chili (chapitre 8) et enfin l’Argentine (chapitre 8).

L’étude d’Alain de Khegel, au-delà de la synthèse et de l’importance des informations livrées, présente de réelles qualités tant d’écriture que de clarté. Nous sommes cependant plus mesurés par la teneur parfois du propos car le peu de références aux archives et sources primaires, l’empêche. Les sources constituent pourtant le cœur de la construction du « récit maçonnique ». Croiser un important ensemble d’archives à la fois maçonniques mais également profanes dont l’exploitation aurait permis de contextualiser le rôle des loges et des francs-maçons dans la société civile aurait davantage éclairé le texte et particulièrement les encadrés évoquant le contexte historique, socioculturel et politique. Cela s’inscrit notamment dans le cadre des problématiques et des réflexions méthodologiques engagées par l’historiographie maçonnique depuis une vingtaine d’années. De plus, dans ces territoires, la recherche scientifique de l’histoire de l’Ordre abonde avec des universitaires et chercheurs particulièrement actifs et prolixes. Car, même si le collectif d’auteurs dirigé par Alain de Keghel convoque, comme pour le Brésil par exemple, les travaux de recherche issus de la production scientifique de ces dernières années, ou encore certains universitaires spécialistes, force est de constater souvent l’absence de références aux travaux de chercheurs sur ces questions et sur ces territoires qui communiquent et publient régulièrement au sein de colloques internationaux (notamment ceux du CEHME -Centro de Estudios Historicos de la Masoneria Espanola- en Espagne) et/ou qui alimentent la réflexion au sein de la revue universitaire internationalement reconnue du Costa Rica (Revista de Estudios Historicos de la Masoneria Latino Americana y Caribena- REHMLAC).

Sur le plan méthodologique, l’auteur a le mérite de substituer à la démarche classique, la présentation d’une série de portraits diversifiés fondée sur la réalité des pays mise en évidence. Or, cette démarche présente l’intérêt de mettre en lumière de façon générale et convaincante l’importance de l’Ordre maçonnique dans la dynamique qui anime le développement de la sociabilité maçonnique.

Outre ses qualités synthétiques, on soulignera également la capacité de cette étude à répondre positivement à son intention de mettre en évidence la propension de la sociabilité francmaçonne à refléter l’existence d’une sensibilité culturelle régionale. Les conclusions par ailleurs, à partir de ces regards juxtaposés, permettent au lecteur de tracer les contours d’une sociabilité maçonnique latino-américaine et dans la Caraïbe. Si on peut constater la conformité des pratiques maçonniques dans les loges décrites ce sont en effet, d’après les études universitaires récentes, de forts particularismes sociologiques qui les caractérisent autour d’une surreprésentation de certains milieux et l’absence quasi-généralisée d’autres.

Si l’on doit saluer la capacité d’Alain de Keghel à montrer l’étendue du phénomène maçonnique dans ces régions outre-Atlantique, la portée de cet ouvrage dont les apports dépassent celles de monographies isolées, -qui constituent toujours la production dominante sur ce sujet-, on est cependant moins convaincu par certaines des réponses apportées. Une difficulté réelle réside dans la très forte rétractation de la sociabilité maçonnique dans ces espaces selon le contexte socio-politique et culturel de chaque pays. Toutefois, c’est à ce niveau sans doute qu’Alain de Keghel aurait pu réintroduire avec profit la démarche des universitaires qui reste d’un intérêt véritable pour parvenir à saisir les inflexions provoquées par les crises majeures sur les pratiques sociales et culturelles des francs-maçons en Amérique Latine et dans la Caraïbe des Lumières. Cependant, cet apport considérable de connaissances relève la gageure d’une meilleure compréhension affinée et subtile de ces pays.

Received: May 06, 2018; Accepted: May 15, 2018

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