SciELO - Scientific Electronic Library Online

 
vol.6 issue1“Un análisis estadístico comparativo de la logia Adelphia de Puerto Rico (1888 y 2011-2012)” author indexsubject indexarticles search
Home Pagealphabetic serial listing  

Services on Demand

Journal

Article

Indicators

Related links

  • Have no similar articlesSimilars in SciELO

Share


Revista de Estudios Históricos de la Masonería Latinoamericana y Caribeña

On-line version ISSN 1659-4223

REHMLAC vol.6 n.1 San Pedro, Montes de Oca May./Nov. 2014

 

« L’histoire globale et la question maçonnique: éléments pour une analyse »

Dévrig Mollès

*Dirección para correspondencia:

Résumé

Depuis les années 1950-1960 en France, depuis les années 1980 en Espagne et dans le monde anglo-saxon et depuis les années 2000 en Amérique latine, une historiographie scientifique spécialisée sur la franc-maçonnerie se développe. Cette jeune communauté scientifique a actuellement besoin d’un bilan historiographique critique. Ce bilan-perspective, nécessairement collectif, est indispensable pour orienter utilement la recherche future. Cet article s’inscrit dans cette dynamique. Prototype fondateur de l’opinion publique internationale (ou plutôt des espaces publics internationaux), les réseaux maçonniques remettent à une histoire globale, renvoyant non seulement à l’analyse des relations internationales contemporaines mais aussi à celle des opinions publiques et des sociétés civiles. Comment l'historiographie universitaire généraliste -et notamment l'histoire dite "globale"-traite -t-elle la question maçonnique ? Quelles sont les perspectives et les périodes privilégiées ? Premier d'une série destinée à évaluer la place de la question maçonnique dans l’historiographique universitaire généraliste, cet article se concentre sur certains ouvrages représentatifs de l’histoire "globale": l'histoire de l'opinion publique de Jürgen Habermas, la World History anglo-saxonne, la quadrilogie d’Eric J. Hobsbawm sur les XIXe et XXe siècles et l'histoire générale du XIXe siècle de Robert Schnerb.

Mots-clé: Franc-maçonnerie, historiographie, histoire globale, histoire compare

Abstract

Specialized Scientific historiography in Freemasonry is a recent development, starting in France in the 1950 and 1960’s, in Spain in the 80’s and in Latin America since 2000.This young scientific community currently needs a critical historiographical review. This movement is necessarily collective one and is essential in providing useful guidance for future researchers. This paper is part of this process. Since Freemasonry is the founding prototype of the international public opinion (or international public spaces), masonic networks rely on a global history, referring not only to the analysis of contemporary international relations but also to public opinion and civil society studies. How does general history academia –and, especially, “world history”- deal with the masonic question? What are their favorite perspectives and historical periods? The paper is the first in a series aimed at evaluating the position Freemasonry holds in general history, it focuses on some representative "world history” works: the History of Public Opinion by Jürgen Habermas, the English speaking World History, Eric J. Hobsbawm three volumes of the 19th and 20th Centuries and the General History of the Nineteenth Century by Robert Schnerb.

Keywords: Freemasonry, historiography, world history, comparative history

Introduction

Depuis les années 1950-1960 en France, depuis les années 1980 en Espagne et depuis les années 2000 en Amérique latine, une historiographie scientifique spécialisée sur la franc-maçonnerie se développe. Cette jeune communauté scientifique a actuellement besoin d’un bilan historiographique critique. Ce bilan-perspective, nécessairement collectif, est indispensable pour orienter utilement la recherche future. Cet article s’inscrit dans cette dynamique1.

Apparus au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles entre les Îles britanniques et la France, les réseaux maçonniques se disséminèrent en Europe, en Amérique, en Asie, en Océanie et en Afrique dès les années 1720-1730. Ils peuvent donc être définis comme le prototype fondateur de l’opinion publique internationale (ou plutôt des espaces publics internationaux)2. Leur développement continue aujourd’hui ; ainsi, en 2002, The New Encyclopaedia Britannica évoquait à leur propos "la plus grande société secrète du monde"3; en 2012, The Encyclopedia of Global Studies signalait "l’une des plus grandes organisations non-gouvernementales du monde"4.

La question maçonnique renvoie donc à une histoire globale. Elle traverse d'une manière ou d'une autre l'ensemble du monde moderne. Elle remet non seulement à l’analyse des relations internationales contemporaines, mais aussi à celle des opinions publiques et des sociétés civiles.

Parmi les études consacrées à l’opinion publique, l’ouvrage publié en 1962 par le philosophe allemand Jürgen Habermas constitue une référence certes insuffisante mais toujours importante5. Le thème en est bien connu. Cet ouvrage analyse le concept d’opinion publique comme manifestation de l’ascension politique de la bourgeoisie. Aux origines se trouvèrent, dès le XVIIIe siècle, le parlement, la presse, les clubs, les cafés, les cercles littéraires et politiques. Au sein de ces espaces publics se cristallisa la publicité politique, dimension constitutive de la société bourgeoise. Au plan empirique, l’analyse portait essentiellement sur l’Angleterre, l’Allemagne et la France. Au plan théorique toutefois, elle recelait une portée globale.

Si les réseaux maçonniques furent l’un des laboratoires de l’opinion publique moderne, et sa première expression globale, on peut légitimement se demander : comment leur cas fut-il traité dans l’ouvrage de Jürgen Habermas ? La réponse est claire. En près de 400 pages, aucune référence substantielle ne lui fut consacrée. De manière révélatrice, la section consacrée au "paradigme de l’évolution anglaise"6 au XVIIIe siècle ne la mentionna pas. De même, la bibliographie générale recensa 344 références en allemand, en anglais et en français ; elle ne comprenait pourtant qu’un ouvrage spécifique : il s’agit du texte classique que Bernard Faÿ, professeur au Collège de France, avait consacré à la franc-maçonnerie et à la révolution intellectuelle du XVIIIe siècle en 1935, trente ans auparavant, et qui fut traduit à l’espagnol en 19637.

Cette absence interroge. Reflète-elle une tendance générale ? Ce texte constitue la première partie d’une analyse destinée à évaluer la place de la question maçonnique dans l’historiographie universitaire généraliste. Dans ce premier bilan seront sondés certains ouvrages issus de ce qui est aujourd'hui qualifié d’histoire "globale"8. D'une manière ou d'une autre, ces ouvrages remettent tous à un projet universaliste, à une volonté de proposer aux lecteurs les clés pour comprendre une histoire humaine interconnectée par de multiples rythmes communs. Quel traitement réservent-ils à la question maçonnique ? Ce premier et modeste sondage se centrera autours de quelques cas issus des historiographies anglophones et francophones.

La World History anglo-saxonne

En Angleterre, le décloisonnement historiographique fut, selon Richard J. Evans, beaucoup plus tardif qu’en France, où il commença dès les années 1920. À en juger par les écrits d’Edward Hallet Carr, l’influence des Annales -école française précurseur en matière d’histoire comparée- y était très faible dans les années 1960. Pourtant, les évolutions internationales poussaient les nouvelles générations intellectuelles à s’interroger sur la validité de programmes d’étude centrés presque exclusivement sur l’espace national. L’historien Edward H. Carr fut l’un des principaux porte-voix de cette nouvelle génération. Malgré les résistances, le renouveau s’imposa à partir de la fin des années 1960 par une réforme des programmes d’études proposés par les Facultés d’histoire des Universités de Cambridge et d’Oxford9.

Depuis, la situation s’est transformée. Stimulées par le développement des études d'aires culturelles popularisées dans le monde anglo-saxon depuis la Guerre froide, les universités anglo-saxonnes promeuvent aujourd’hui le concept d’histoire globale. Développée surtout aux États-Unis et en Angleterre depuis les années 1980-1990, cette World History sera ici examinée à travers quelques ouvrages emblématiques.

Christopher Alan Bayly et la naissance du monde moderne (2004)

Certains auteurs ont contesté le caractère innovateur de l’histoire de l’opinion publique publiée par Jürgen Habermas. Ce fut le cas récemment de Sir Christopher Alan Bayly, spécialiste de l’empire britannique (notamment en Inde), membre de la British Academy et professeur à l’Université de Cambridge. Héritier de l’empirisme britannique, il écrivait récemment que, "du point de vue de l’analyse historique, la théorie développée par Habermas manquait en réalité de nouveauté. Certains historiens britanniques avaient depuis longtemps analysé dans leurs travaux ce genre d’évolution. Mais parce qu’ils s’étaient montrés réfractaires aux théories des sciences sociales et avaient évité d’avoir recours à de grands mots, il ne se trouva pratiquement personne pour prêter attention à ce qu’ils disaient."10

En 2004, Christopher Alan Bayly consacra un ouvrage à La naissance du monde moderne (1780-1914). Ce livre de 606 pages revendique le projet d’une histoire globale mettant à nu les processus qui unifièrent la mosaïque-monde pour aboutir au monde moderne. Sa richesse conceptuelle et informative est importante. Les comparaisons abondent entre Orient, Asie, Afrique et Occident. L’Amérique latine est peu présente, voire absente. La déconnexion entre les historiographies française et anglaise ne se dément malheureusement pas.

Cet ouvrage de qualité consacre des sections significatives à, par exemple, "l’émergence de nouvelles formations politiques", aux "espaces publics critiques", aux "religions alternatives" ou encore aux "religions impérialistes"11 des XVIIIe et XIXe siècles. À priori, la franc-maçonnerie pourrait intégrer chacune de ces catégories. Quel traitement lui fut imparti ? L’exemple classique de Benjamin Franklin -déjà signalé par Bernard Faÿ en 1935- motive une allusion très générale à la "sociabilité nouvelle [qui] s’exprimait par le canal de sociétés semi-mystiques comme la franc-maçonnerie"12. En dehors de cette allusion, le silence semble régner. Plus encore, l’auteur affirme que les premiers "réseaux transcendant les limites de l'État-nation […] une sorte de société civile internationale embryonnaire"13 n'apparurent qu'après 1850, soit 130 ans après l'invention de la franc-maçonnerie moderne. La question maçonnique est donc globalement absente, comme le reflète une bibliographie générale qui, en 583 titres, ne compte aucune référence spécifique.

The Oxford History of Modern Europe (1996)

Publiée en 1996, The Oxford History of Modern Europe constitue une autre version de la World History14. Son éditeur, Timothy C. W. Blanning, est professeur à l'Université de Cambridge. En 400 pages, les contributeurs -Britanniques et États-uniens- couvrent la période 1789-1995. Parmi les dynamiques de l'histoire mondiale contemporaine, cet ouvrage se concentre plus particulièrement sur l'Europe des XIXe et XXe siècles. Les changements, les continuités et les rythmes sont interrogés à travers des thématiques transversales passant par l'histoire politique, économique, militaire, sociale, culturelle.

Exception faite de deux petites mentions périphériques, la question maçonnique semble absente. Dans le premier cas est citée sa relation avec le développement de l'associationnisme et de la publicité politique au XIXe siècle15. Dans le second cas, mention est faite des accusations portées au cours des années 1930 en France contre Léon Blum -juif, socialiste, républicain et, selon ses détracteurs, franc-maçon16.

The Oxford History of the British Empire (1999)

The Oxford History of The British Empire est une importante collection consacrée à "un thème de la World History"17. Formulée dans un contexte postcolonial18, cette nouvelle histoire de l’empire britannique embrasse l’Amérique, l’Asie et l’Afrique, du XVIIe au XXe siècles, dans ses idéologies, son économie, ses politiques, ses multiples variantes (anglaise, irlandaise, écossaise) et dans ses interactions avec les sociétés non-occidentales. Publiée sous la direction de William Roger Louis -professeur à l'Université du Texas et membre honoraire du St Anthony’s College de Oxford- cette collection réunit essentiellement des contributeurs britanniques et nord-américains. Cinq volumes en forment le noyau, auxquels s’ajoutent des compléments thématiques réunis dans la Companion Series.

Le volume IV, dédié au XXe siècle, est traversé par le réveil des nationalismes périphériques. Il présente d’importantes innovations conceptuelles. Par exemple, il n'y est pas question de déclin de l'empire mais de renouveau et d'adaptation19. Quelle y est la place des réseaux maçonniques, dont certains furent l’une des colonnes vertébrales de l’empire britannique ? Le vide est presque absolu. Une seule mention informe que, en 1914, "virtuellement la moitié des loges écossaises résidaient en outre-mer"20, se fondant en cela sur un ouvrage de Robert Hyam21.

Le volume V, consacré à l'historiographie de l’empire britannique, ne cite aucun ouvrage ni aucun article spécifique22. Force est de constater que les compléments thématiques offerts dans la Companion Series semblent maintenir le même silence. Par exemple, le volume Missions and Empire, ignore complètement la question. Il est pourtant consacré aux vecteurs de transferts culturels qui accompagnèrent le déploiement impérial et les migrations (organisations missionnaires, religieuses, humanitaires, éducatives, etc.)23. En l'état, le bilan est décevant. Il reste provisoire cependant et devra être complété par un examen du volume III, consacré au XIXe siècle, qu’il a été impossible de consulter jusqu'à présent24.

The New History of the World (2003)

The New History of the World a été publiée en 2003 par l’Université de Oxford, sous la direction de John Morris Roberts. En 1252 pages, cet ouvrage résumé la préhistoire, les premières civilisations orientales et occidentales, la Méditerranée classique et le judéo-christianisme, "l'âge des traditions divergentes" d'Orient en Occident, la modernité européenne et son expansion, l'accélération du XIXe siècle, le XXe siècle et enfin la période ouverte par la chute de l'Union Soviétique. Vaste synthèse donc, dépourvue d'appareil critique. L’auteur avait publié en 1972 The Mythology of the Secret Societies25. Par ailleurs, il fut décoré du grade de Commander of the Most Excellent Order of the British Empire. Ces deux éléments jouèrent-ils en faveur d’un traitement raisonnable de la question maçonnique?

Trois petites mentions seulement sont à signaler. Au chapitre de l'expansion européenne, la franc-maçonnerie est fugacement évoquée comme l'une des associations "les plus remarquables". Cette "fraternité internationale" se diffusa d'Angleterre vers l'Europe continentale après 1720. Elle fluidifia la circulation internationale des idées et contribua donc à éroder le poids de la tradition. Ses effectifs sont estimés, pour 1789, à un quart de million (sans appui documentaire toutefois). La connexion institutionnelle entre "la" franc-maçonnerie et les Révolutions atlantiques qui ouvrirent le XIXe siècle est qualifiée de "mythe", y compris si certains francs-maçons furent révolutionnaires26 . Deux autres mentions concernent la Révolution française et la modernisation en Turquie. Enfin, dans la partie du livre 7 consacrée au dernier tiers du XIXe siècle, l'auteur associe les Jeunes Turcs et les modernisateurs arabes en exil à l'utilisation des réseaux et méthodes maçonniques27. En synthèse, les allusions à la question maçonnique sont rares, centrées sur l'Europe du XVIIIe siècle et sur la Turquie du dernier tiers du XIXe siècle. L'Amérique latine est totalement absente à ce sujet, y compris au titre des Indépendances nationales.

The Encyclopedia of World History (2008)

The Encyclopedia of World History a été éditée en 2008 sous la direction de cinq historien(ne)s, spécialistes –respectivement- de l’Amérique du Nord, de l'Amérique latine, de l'Orient, de l'Afrique, de la Chine et de l'histoire des religions. La plupart des contributeurs sont Britanniques et États-uniens, auxquels s’ajoutent quatre Argentins et une Française28. Ces sept volumes (3756 pages) se présentent comme le premier "récit équilibré de l'histoire humaine […] une véritable perspective globale sur le passé"29 de la préhistoire à l'ère contemporaine. En réalité, d’autres tentatives similaires avaient vu le jour dès les années 1940 et furent abondamment rééditées, par exemple aux États-Unis30. À partir des critères méthodologiques du National Standards for World History et du College Board’s Advanced Placement World History, des thématiques transversales sont interrogées : évolutions technologiques, agriculture, commerce, interactions culturelles, relations sociales et de classe, etc. Le lecteur est invité à "faire des comparaisons dans le temps et dans l'espace"31.

Comment la question maçonnique est-elle abordée dans le volume IV, pourvu de 555 pages, 128 cartes et dédié à l'ère des révolutions et des empires (1750-1900)32? Onze mentions lui réservent un traitement anecdotique ; elles sont complétées par une entrée spécifiquement consacrée à la franc-maçonnerie dans les Amériques. L'article consacré aux Lumières du XVIIIe siècle -cet "âge de la science" et du renouveau de la philosophie politique et religieuse évoque le rôle du "mouvement maçonnique"33 -créé entre l'Angleterre, la Hollande et la France à la croisée de multiples exils politico-religieux- dans la diffusion des idées modernes en Europe et en Amérique du Nord. Enfin, une petite mention concerne le Saint Empire Romain germanique, où l'empereur Joseph II -réformateur sur le plan interne (notamment en matière agraire), expansionniste en politique étrangère et protecteur du franc-maçon Wolfgang Amadeus Mozart- est décrit comme un "fils des Lumières"34 , ouvert aux doctrines maçonniques et à la tolérance religieuse, bien que n'ayant pas lui-même été franc-maçon.

Trois nouvelles références génériques concernent le XIXe siècle européen. Elles évoquent la Restauration absolutiste en Espagne dans les années 1820 (et le rôle des sociétés secrètes telles que la franc-maçonnerie et la Charbonnerie dans l'unification d'une "opinion publique"35 libérale), les positions antimaçonniques du Concile Vatican I (1869-1870)36 et le rôle des loges dans l'unification de l'Italie37. Un petit texte rappelle enfin que -en plus de la politique de reconquête culturelle menée en France, en Allemagne, en Russie, aux États-Unis, en Amérique latine et en Écosse, en plus de la formulation de la doctrine sociale de l'Église- le Pape Léon XIII publia des encycliques contre l’américanisme, la franc-maçonnerie et le socialisme38.

Une entrée spécifique concerne la franc-maçonnerie en Amérique du Nord et du Sud. Cette "organisation fraternelle" aux origines mystérieuses s'implanta en Amérique du Nord après la création de la Grande Loge de Londres (1717), importée à partir de 1730 par des Anglais et des Écossais à Philadelphie et à Boston. Le Rite de York -décrit en lignes générales-en fut la modalité dominante jusqu'au XIXe siècle. L'auteur évoque les spécificités bureaucratiques de la franc-maçonnerie aux États-Unis, organisée non selon un modèle national mais selon une forme fédérale. L'auteur aborde aussi à demi-mots une spécificité culturelle : la ségrégation ethnique reproduite au sein de l'espace maçonnique nord-américain; rejetés par les blancs, les afro-américains s'organisèrent dans un réseau spécifique (la Prince Hall Masonry). Certains épisodes sont évoqués, tels les années 1830 (période de vague antimaçonnique et de reflux), les années 1860 (période de guerre civile, de conflits entre les loges du Nord et celles du Sud et d'expansion du Rite écossais ancien et accepté, inspiré du modèle maçonnique français). Le développement de la fraternité au cours de la seconde moitié du XIXe siècle est resitué dans un contexte plus vaste d'explosion associative. Le cas des États-Unis est donc traité très succinctement. Le traitement réservé à l'Amérique latine est très pauvre. Un paragraphe seulement rappelle que, au Mexique et en Amérique du Sud, la franc-maçonnerie joua un rôle politique important au cours des Indépendances; postérieurement, elle adopta majoritairement le rite écossais et fut fréquemment liée à l’anticléricalisme. Une petite bibliographie cite quelques ouvrages anglophones, dont certains sont de bonne qualité39.

Trois notes offrent de petits compléments à cette perspective américaine. Pour les États-Unis du XIXe siècle, une référence très vague est portée aux associations communautaires -"églises, loges, syndicats"40- fondées par les immigrés allemands. On détecte une mention dans la biographie de Bernardo O'Higgins, l’un des pères-fondateurs de la nation chilienne, dictateur suprême entre 1817 et 1823 ; selon l'auteur, O'Higgins intégra "une loge maçonnique secrète créée à Londres par [Francisco de] Miranda", dont les "membres consacraient leur vie à l'indépendance de l'Amérique latine"41. Enfin, deux entrées consacrées au Brésil sont à signaler. L'article consacré au Brésil pendant le XIXe siècle n'évoque pas la question maçonnique au sujet de l'indépendance nationale, ni du Second Empire, de la Guerre du Paraguay, de la formation d'une nouvelle société militaire, de la formation d'une société civile libérale, républicaine et positiviste ou de la réforme du système esclavagiste. Les personnages cités sont -le cas échéant- privés de leurs filiations maçonniques. La question est posée subitement pour les années 1871-1875. Il s'agit d'un résumé succinct du plus fameux épisode national de conflit entre Église (et plus particulièrement son aile droite, européiste et ultramontaine) et franc-maçonnerie (qui intégrait non seulement plusieurs membres du gouvernement impérial mais aussi certains prêtres catholiques)42. Une allusion à ce même épisode est glissée dans la biographie de Pierre II, empereur du Brésil43.

On peut noter que, dans le volume IV, la plupart des biographies consacrées à certains personnages sont dépourvues de toute allusion à leurs éventuelles filiations maçonniques : c'est le cas, pour ne citer que quelques cas incontestables- de Benjamin Franklin44 , Giuseppe Garibaldi45, Benito Juárez46 et Domingo Faustino Sarmiento47.

Dans le volume V (1900-1950)48, les références se raréfient. Elles touchent la répression exercée par les fascistes espagnols49, allemands50 et français51 entre 1930 et 1945. Les autres -italiens, portugais et centre-européens notamment- sont ignorés. Enfin, aucune personnalité marquante n'est signalée pour ses affinités maçonniques.

Deux classiques de l’histoire décloisonnée

Le bilan de la World History anglo-saxonne semble décevant au regard du traitement imparti à la question maçonnique. On peut toutefois espérer que de futurs approfondissements nuanceront cette première évaluation. Faut-il revenir aux classiques de l’histoire décloisonnée pour trouver des références plus consistantes ?

Eric J. Hobsbawm et sa quadrilogie sur les XIXe et XXe siècles

L'historien anglais Eric J. Hobsbawm est une référence importante en matière d’histoire globale. Publiés entre le début des années 1960 et les années 1990, ses quatre volumes sur l’histoire mondiale des XIXe et XXe siècles constituent une somme classique. Elle semble pourtant rarement revendiquée par les tenants de la World History. Malgré les suspicions d'économisme portées à son égard par Christopher Alan Bayly, l’approche est à la fois sociale, culturelle, politique et économique, inscrite au sein d'une philosophie matérialiste de l'histoire.

Les thématiques transversales et globales en sont le fil rouge méthodologique. À cela s’ajoutent d’autres ouvrages, consacrés par exemple aux rebelles primitifs ou aux nationalismes depuis 1780.

Quelle est la situation de la franc-maçonnerie dans les quatre volumes consacrés aux XIXe et XXe siècles ? En près de 2000 pages, une vingtaine de passages mentionnent la question. Tous se concentrent dans les deux premiers volumes. Seize se trouvent dans le premier volume, consacré à L'ère des révolutions (1789-1848). Le second volume, dédié à L’ère du capital (1848-1875), ne comprend que trois mentions. Dans le troisième volume, centré sur L'ère des empires (1875-1914), la question disparaît. Enfin, une seule allusion est à noter dans le quatrième volume, consacré à L'Âge des extrêmes (1914-1990).

Ces références -plus ou moins génériques selon les cas- bénéficient d'une approche internationale attentive à l'Amérique latine. Stimulantes, elles se déclinent à partir du concept qui structure les trois ouvrages consacrés au XIXe siècle : la double révolution. Le XVIIIe et surtout le XIXe siècles furent ceux d'une double révolution : une révolution économique (dont l'épicentre principal fut la Révolution industrielle anglaise) et une révolution culturelle et politique (dont l'épicentre principal fut la Révolution française)52.

Sous ce parapluie conceptuel, trois axes se dégagent au regard de la question maçonnique. Premier axe : la bourgeoisie fut la classe fondamentale de la double révolution ; la franc-maçonnerie fut l'un de ses dispositifs internationaux et nationaux. Second axe : la double révolution accoucha de nouvelles cultures politiques et de nouvelles pratiques sociales ; la franc-maçonnerie en fut l'un des laboratoires. Troisième axe : le XIXe siècle fut celui de l'expansion européenne et de l'occidentalisation du monde ; la franc-maçonnerie contribua à l'agrégation des élites modernisatrices périphériques, telles celles d'Amérique latine.

Les Lumières du XVIIIe siècle -fondées sur "la conviction du progrès des connaissances humaines, le rationalisme, la richesse, la civilisation et le contrôle de la nature"53- irriguèrent tous les changements culturels et politiques du XIXe siècle. Ce mouvement culturel s'appuya sur des évolutions matérielles. Les Lumières "durent leur force, avant tout, aux évidents progrès de la production et du commerce, et au rationalisme économique et scientifique que l'on pensait inévitablement associés à ces derniers"54. Ainsi les promoteurs de la modernité culturelle étaient issus des "classes les plus progressistes économiquement, les plus directement en prise avec les progrès du temps"55: cercles mercantiles, financiers, fonctionnaires disposant d'une formation économique et sociale, classes moyennes instruites, industriels, entrepreneurs. L'archétype de cet homme nouveau fut Benjamin Franklin, imprimeur, journaliste,  entrepreneur, homme d'État et négociant "actif, raisonnant, autodidacte"56. Ce furent ces hommes qui, notamment en Angleterre, créèrent les sociétés et les associations d'où surgirent maints innovations scientifiques, industrielles et politiques. "Tous ces hommes appartenaient aux loges maçonniques, où se dissolvaient les différences de classe et où se propageait l'idéologie des Lumières avec un zèle désintéressé"57. Ainsi, l'apparition des loges maçonniques au XVIIIe siècle avait accompagné l'ascension d'une bourgeoisie dynamique et industrieuse, qui y avait trouvé un laboratoire social et idéologique.

Si l'économie du monde du XIXe siècle se forma principalement "sous l'influence de la Révolution industrielle anglaise", sa politique et son idéologie se formèrent principalement "sous l'influence de la Révolution française"58, référence centrale de toutes les luttes politiques et culturelles jusqu'en 1917. Analysant les causes et les développements de cette révolution, l'auteur remarque qu'elle ne fut certes pas dirigée par un parti doté d'un programme. En revanche, un groupe social doté d'idées communes y joua un rôle central : la bourgeoisie. Ses "idées étaient celles du libéralisme classique formulé par les philosophes et les économistes, puis propagés par la franc-maçonnerie et les autres associations […] Dans sa forme la plus générale, l'idéologie de 1789 était maçonnique, exprimée […] dans la Flûte magique de Mozart (1791) [...ou encore…] dans la fameuse Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789"59.

Au cours de son expansion en Europe, le jacobinisme révolutionnaire adressa son appel idéologique aux classes moyennes éduquées des pays envahis ou alliés. Dans ces pays, sa force politique dépendit donc de ces groupes sociaux, convertis en intermédiaires entre l'épicentre français et les masses populaires européennes. À ces classes moyennes illustrées, les Français proposaient l'affirmation nationale, des réformes intérieures et une méthode d'organisation politique : la société secrète maçonnique ou néo-maçonnique. Ce modèle associatif se dissémina dans toute l'Europe (mais aussi peut-être en Amérique latine, peu évoquée pourtant dans l'ouvrage). En Irlande par exemple, le sentiment national (anti-anglais), le sentiment religieux (catholique) et les revendications agraires insufflèrent sa force à un mouvement de masse conduit par les United Irishmen, société secrète dont les chefs -alliés à France révolutionnaire contre l'occupant anglais et protestant- se nourrissaient d'une "idéologie maçonnique et libre-penseuse"60. À l'inverse, en Espagne -où le catholicisme et la pauvreté étaient tout aussi importants qu'en Irlande, et où les élites francophiles créèrent de même leurs loges maçonniques- l'absence d'un oppresseur étranger (exception faite des armées françaises) priva le jacobinisme d'un appui populaire de masse. En Italie, "la force des Lumières et de la franc-maçonnerie"61 popularisa la Révolution parmi l'élite culturelle ; toutefois, le jacobinisme local ne s'enracina réellement que dans le Royaume de Naples, où il "capta virtuellement toute la classe moyenne instruite (et anticléricale), ainsi qu'une partie du peuple, et s'organisa parfaitement dans les loges et sociétés secrètes qui fleurissent avec tant de facilité dans l'atmosphère de l'Italie méridionale"62.

"L'héritage le plus formidable" de la Révolution française fut donc "la création de modèles et de méthodes de soulèvement politique à l’usage de tous les révoltés"63. De la source commune fournie par la Révolution française se dégagèrent trois modèles, trois tendances: le libéralisme modéré (animé par l´aristocratie libérale et la haute-bourgeoisie), le radicalisme démocratique (animé par la petite bourgeoisie, une partie des nouveaux industriels et les intellectuels), et le socialisme (animé par des ouvriers et des artisans).

Ces trois tendances se diffusèrent à travers les mêmes canaux. L’un des héritages les plus formidables de la Révolution française fut donc la dissémination d'une méthodologie associative -la loge maçonnique ou néo-maçonnique- et son utilisation comme forme concrète d'organisation politique. Cet héritage marqua fortement les révolutions européennes de 1815-1848 (mais peut-être aussi les révolutions latino-américaines, une fois encore évacuées par l'auteur). Entre 1815 et 1830, la Sainte-Alliance et l'Église catholique tentèrent de contenir toute nouvelle révolution. Les sociétés secrètes se convertirent en une plateforme de convergence pour ces "petites minorités distinguées de l'émancipation et du progrès"64 qui -malgré leur divergences politiques- partageaient un même champ idéologique et luttaient contre un ennemi commun. Toutes ces confréries recrutaient des intellectuels, des révolutionnaires en exil et des militaires (attirés par leur "leur rituel pittoresque et [...] leur hiérarchie, dérivés ou copiés des modèles maçonniques"65). Malgré des efforts répétés "pour unir toutes les sociétés secrètes, du moins à leurs niveaux les plus hauts et initiés"66, les insurrections armées de 1820-1823 furent écrasées. Le pronunciamiento militaire demeura néanmoins, en Espagne et en Amérique latine, "l'un des héritages les plus douteux et les plus durables du carbonarisme"67.

À partir de 1830, cette unité révolutionnaire internationale commença à s’étioler, tiraillée entre des sentiments nationaux, des identités de classes et des cultures politiques toujours plus différenciées. Toutefois, ces mouvements conservaient beaucoup de points communs. Une filiation pour commencer: par exemple, le révolutionnaire romantique des années 1830-1848 était l'héritier direct du "membre des sociétés secrètes et des sectes maçonniques révolutionnaires -carbonarisme ou panhellénisme- dont l'inspiration provenait directement des vieux survivants jacobins ou babouvistes comme Philippe Buonarroti. Ce fut la lutte révolutionnaire typique de la période de la Restauration"68. Tous ces mouvements recrutaient des vétérans et surtout un nombre croissant de jeunes parmi les classes moyennes, les élites ouvrières (artisans notamment), les intellectuels et les diasporas d'exilés politiques. Tous partageaient un patron de conduites politiques, d'idées stratégiques et tactiques dérivées de l'expérience héritée de la Révolution française. Ils conservaient un fort sentiment d'unité internationale. En définitive, "c'est au sein de cette diaspora cosmopolite que les idées de la Révolution française -le libéralisme, le nationalisme et les méthodes d'organisation politique à travers les sociétés secrètes maçonniques- firent souche"69.

Passé le moment clé des révolutions européennes, abordé sans horizons latino-américains, les références à la question maçonnique se diluent. Pour autant, deviennent-elles inconsistantes ?

Dans un chapitre consacré au "monde bourgeois"70 et à la "bourgeoisie comme classe"71 centrale des années 1848-1875, l'auteur analysait ce "groupe de personnes doté de pouvoir et d'influence, indépendamment de la naissance ou du statut traditionnel"72. Cette influence s'exerçait non à travers des "mouvements de masse" mais par le biais de "groupes de pression" et "d’influences individuelles"73. "L'Europe bourgeoise était pleine de systèmes plus ou moins informels destinés au progrès mutuel, de chaînes de vieux amis ou de mafias"74. Parmi ces réseaux d’influence et ces espaces éducatifs, l'auteur signalait "l'une de ces associations, la franc-maçonnerie"75. Ses ramifications locales, régionales et nationales pouvaient non seulement s'avérer utiles aux individus qui en faisaient partie. Elles pouvaient en outre contribuer à l'unité morale, culturelle et idéologique de ce groupe social. Dans le cas italien par exemple, elle fut "l'unique organisation permanente et nationale de cette classe"76. Qu'en était-il au niveau international ? Beaucoup plus loin, l'auteur complétait cette idée : globalement, la franc-maçonnerie avait été "l'Internationale de cette classe"77. Certes, ces prismes analytiques manquaient de bases empiriques : "Nous ne savons pas si, au cours de cette période, elle augmenta en nombre, bien que cela soit probable; mais son importance politique augmenta avec certitude."78

La franc-maçonnerie maintenait d'ailleurs des capillarités avec l'un des piliers de l'idéologie libérale et bourgeoise : la méritocratie. La double révolution du XIXe siècle avait dissout les immuables hiérarchies d'Ancien Régime et avait ouvert les "carrières au talent ou, du moins, à l'énergie, à la capacité de travail et à l'ambition"79. Ce principe de mobilité sociale appliqué à la société libérale et bourgeoise du XIXe siècle ne produisit certes pas une société ouverte, égalitaire et démocratique. Mais, sans dissoudre les mécanismes de reproduction sociale, il les déplaça. Il permit la constitution de nouvelles bureaucraties d'État, dont la culture -fondée sur les "Lumières du XVIIIe siècle"80- n'était pas dénuée de résonances maçonniques.

Le développement de ces réseaux s'insérait dans un contexte global d'explosion associative. Partout se multipliaient les "nouveaux rituels séculaires, spécialement dans les pays anglo-saxons"81: friendly societies, Ku-Klux-Klan, loges orangistes, membres d’ordres secrets variés, entités syndicales ou loges maçonniques.

Cette explosion associative fut un moteur de changement culturel, notamment en matière religieuse. Elle porta bien-sûr "l'idéologie séculaire du progrès, en partie libérale et, dans une mesure moindre mais croissante, en partie socialiste"82. Elle porta aussi la recomposition de la sphère religieuse dans son ensemble. Catholicismes, judaïsmes, protestantismes, anticléricalismes, agnosticismes, athéismes, religions alternatives, libre-pensées et féminismes intégraient donc une sphère culturelle en mouvement. Quel fut ici le rôle de la franc-maçonnerie ? Dès le XVIIIe siècle, la déchristianisation et l’anticléricalisme avaient gagné l'élite européenne masculine. Certes, celle-ci continuait à remplir ses devoirs rituels pour donner l'exemple aux petites gens. Mais, "si parmi la minorité distinguée de la fin du XVIIIe siècle il existât une religion florissante, ce fut la franc-maçonnerie rationaliste, influencée par l'illuminisme et anticléricale"83. Au XIXe siècle, le mouvement s'amplifia, converti en "sécularisation des masses"84. Pourtant, le monde anglo-saxon fut parallèlement témoin d'un "extraordinaire développement des sectes protestantes"85, en Angleterre, aux Etats-Unis ainsi qu'en Hollande, en Norvège, etc. L'auteur observait ainsi une césure entre le monde anglo-saxon et le monde latin, séparés par la culture religieuse. Cela reflétait selon lui l'existence, au sein de la bourgeoisie, de deux grandes structures du sentiment religieux : une religiosité majoritaire et un matérialisme militant porté par une minorité de libres penseurs, plus dynamiques et plus efficaces, et d'avantage représentés dans le monde latin86. Cette césure traversait-elle la franc-maçonnerie ? Sans se poser la question, l'auteur remarquait "qu'en dehors des pays anglo-saxons"87 -c'est-à-dire dans "les pays latins et catholiques […] elle servit d’agglutinant idéologique pour la bourgeoisie libérale dans sa dimension politique"88: "La franc-maçonnerie était le plus ancien, et en tous les cas le plus influents de ce groupes secrets, ritualisés et hiérarchisés, et en dehors des pays anglo-saxons elle se trouvait réellement compromise avec les libres penseurs et l’anticléricalisme."89

Finalement, Eric J. Hobsbawm associa la franc-maçonnerie à l'expansion de l'Occident capitaliste et aux élites urbaines et libérales qui, dans les périphéries telles que l'Amérique latine, militèrent pour l'occidentalisation et l’européanisation de leurs jeunes nations. Dans un chapitre, il décortiqua les modalités -militaires, économiques, politiques, migratoires et culturelles- de "l'occidentalisation" et de "l'impérialisme du monde capitaliste"90. Une petite mention -très elliptique91- y signalait la franc-maçonnerie comme vecteur du libéralisme et de l'européisme désirés par les élites périphériques, groupes urbains minoritaires et cosmopolites avides de modernisation. Dans ce cadre, il multipliait les comparaisons, insistant sur les anciennes colonies ibéro-américaines, désormais "nominalement indépendantes". Dans ces "États techniquement souverains […] les institutions libérales de la classe moyenne et les systèmes juridiques classiques du XIXe siècle (d'origine anglaise et française) s'étaient superposées à l'héritage institutionnel du passé espagnol et portugais, en particulier au catholicisme passionné et très enraciné -bien qu'acclimaté- de la population indigène, qui était indienne, métisse et, dans les Caraïbes et la ceinture côtière du Brésil, très africaine"92. Pour "la minorité de Latino-américains engagés dans la modernisation de leur continent"93, l'immigré européen était donc le seul ferment de rénovation face une "classe paysanne traditionaliste", face aux "seigneurs féodaux" et face à "l'Église"94. Moderniser équivalait à européaniser. Les idéologies "progressistes" importées par cette "minorité distinguée, cultivée et urbaine dans un pays rural" s'inspiraient du "libéralisme maçonnique et benthamien qui avait été si populaire dans le mouvement de l'Indépendance"95, complété à partir des années 1840 par le socialisme utopique (qui promettait la réforme et le progrès dans la paix sociale) puis, à partir des années 1870, par le positivisme. L'échec de ces tentatives modernisation institutionnelle imposée depuis le sommet de l'État s'explique: les minorités progressistes devaient s'appuyer sur des "généraux peu fiables" et combattre les familles traditionnelles de grands propriétaires fonciers. Cela expliquait pourquoi l'intégration de l'Amérique latine dans le marché capitaliste atlantique aboutit à "la subordination de la vieille économie aux demandes du commerce d'importation et d'exportation, effectué à travers un certain nombre de ports ou de grandes capitales et contrôlé par des étrangers"96. Le Rio de la Plata fut la "seule exception"97 car l'immigration européenne massive y produisit une population totalement nouvelle, dont la structure sociale n'était pas traditionnelle.

Au total, les références à la question maçonnique sont peu nombreuses dans l’œuvre centrale d’Eric J. Hobsbawm. Il a semblé utile, cependant, d'en faire un résumé analytique, en raison de leur puissance conceptuelle. On peut certes souligner des lacunes. Sur le plan empirique par exemple, l'auteur semble tout ignorer des franc-maçonneries anglo-saxonnes. Ses analyses semblent applicables surtout au monde latin. Remarquons enfin que certaines des idées versées au sujet des sociétés secrètes avaient été développées dans un ouvrage antérieur : consacré aux formes archaïques des mouvements sociaux aux XIXe et XXe siècles, ce dernier ne comptait pas moins de 24 allusions aux fraternités maçonniques et néo-maçonniques98. Il est donc curieux de constater que la question fut évacuée de ses ouvrages plus récents99, exception faite d'une mention à l’anticléricalisme maçonnique des libéraux républicains espagnols de 1931100.

Robert Schnerb et le XIXe siècle : l'apogée de l'expansion européenne

L’Histoire générale des civilisations a été publiée en 1957 sous la direction de Maurice Crouzet (1897-1973), historien et inspecteur général de l'Instruction publique. Ces sept volumes constituent une référence souvent oubliée en matière d’histoire globale. Empreinte du souffle rénovateur des Annales, cette collection a aussi été conçue par des collaborateurs de la Revue historique, revue scientifique fondée en 1876, initialement proche de la libre-pensée et du protestantisme libéral101.

Cette collection est aujourd'hui difficile à localiser à l'étranger. Concrètement, il n’a été possible d’accéder qu'au volume 6102 , consacré à l'Apogée de l'expansion européenne (1815-1914). Son auteur -Robert Schnerb (1900-1962)- vétéran du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, inquiété par le gouvernement de Vichy et spécialiste de la Révolution française- contribua régulièrement à la Revue historique et aux Annales, Économies, Sociétés, Civilisations. Dès la seconde ligne de son introduction générale, il invoquait les figures tutélaires de Marc Bloch, Émile Littré et Hérodote. Sa biographie a récemment été l'objet d'un ouvrage de qualité103.

Épais de 630 pages, de style élégant, l’ouvrage privilégie l'expansion européenne sans ignorer "la jeune Amérique" et les "autres civilisations"104. La transformation des économies agricoles, les évolutions technologiques, l'histoire démographique et les grandes migrations européennes, l'histoire coloniale, l'histoire sociale, économique, politique et culturelle sont ainsi envisagées dans leurs dimensions européennes, nord-américaines, latino-américaines, asiatiques, africaines et océaniennes. Pourvu d'une bibliographie, d'une chronologie, d’un index alphabétique, de cartes et d'illustrations, cette synthèse reste -plus de cinquante ans après sa publication- une solide référence.

L’ouvrage comprend une demi-douzaine de mentions consistantes sur la franc-maçonnerie. La première série apparaît dans un chapitre consacré au mouvement des nationalités et au problème ouvrier en Europe. La période 1789-1848 pouvait être définie, en partie, comme "l'époque des révolutions, des sociétés secrètes, des complots et des barricades"105. Les gouvernements rassemblés au sein de la Sainte-Alliance, soutenus par le Vatican, tentaient de prévenir toute nouvelle révolution. Face à eux se s'organisaient des groupes clandestins, qui se proposaient de renverser ces pouvoirs établis. Leurs membres étaient pétris d'un "tempérament"106 romantique. Leur technique principale était la société secrète politico-militaire. Ils visaient l'effet de surprise, le soulèvement ou le pronunciamiento. La franc-maçonnerie fut-elle la cheville ouvrière et le laboratoire occulte de ces sociétés secrètes ? Pour l'auteur, s'il était "improbable qu'un complot maçonnique soit à l'origine des événements de 1789", on ne pouvait davantage prétendre "que la maçonnerie ait fomenté les révoltes quarante ou soixante ans plus tard"107.

En réalité, la franc-maçonnerie était globalement légaliste. Elle recherchait la tolérance et la reconnaissance de tous les gouvernements du jour. Dans certains cas, comme en Russie, elle était élitiste et conservatrice, même si des liens diffus semblent avoir uni les loges -peu nombreuses et interdites par le pouvoir impérial dès 1822- et la révolte décembriste de 1825 (dont les acteurs, de jeunes officiers russes, avaient préalablement séjourné à Paris, alors occupé par la Sainte-Alliance). En fait, selon l'auteur, la franc-maçonnerie n'était "vraiment révolutionnaire que dans le Midi de l'Europe, en face des monarchies cléricales où les absolutistes"108 la proscrivaient.

Comment dès lors expliquer la persistance de la théorie du complot maçonnique ? Comme au XVIIIe siècle, la papauté condamnait avec virulence l'esprit et l'action maçonniques. La guerre continuait entre l'Église catholique et les organisations que Clément XII et Benoît XIV avaient qualifiées de "nuisibles non seulement à la tranquillité des États mais aussi au salut des âmes"109. Or, arrivée l'ère des révolutions, la franc-maçonnerie essaima, hybrida et inspira une kyrielle de sociétés secrètes révolutionnaires. Le Vatican ne s'y trompa pas. Ainsi, dans sa Lettre apostolique de 1826, Léon XII nota que "de ces vieilles sectes maçonniques dont l'ardeur ne s'est jamais refroidie, il en est sorti plusieurs autres beaucoup plus détestables"; et de désigner les Carbonari, qui avaient "pour but le renversement des pouvoirs légitimes et la ruine de l'Église"110. Le carbonarisme était apparu d'abord dans le royaume de Naples. Ses réseaux de "ventes", calqués sur le modèle maçonnique, s'étaient multipliés en Europe latine (Italie, France, Espagne), recrutant ses adeptes notamment parmi les soldats des armées napoléoniennes ; parallèlement, sa propagande affecta les milieux militaires en Pologne et en Russie. C'est le carbonarisme qui -en 1820-1823, d'Espagne en Grèce- tenta contre la Restauration un mouvement international fondé sur une série d'insurrections militaires animées par des "minorités peu nombreuses"111. C'est probablement sous l'influence de ce modèle que, à l'occasion du décès du tzar de toutes les Russies Alexandre Ier, de jeunes officiers russes impulsèrent le soulèvement décembriste. Cet âge d'Or prit-il fin dans les années 1830 ? Selon l'auteur, il ne survit en tant que tel qu'en Espagne112. En France, dans les sociétés républicaines foisonnantes, un renouvellement générationnel s'opéra alors entre les vétérans et les jeunes générations - intellectuels, membres des professions libérales, artisans et ouvriers qualifiés-"acquis à l'idée d'une république démocratique et sociale"113. Comme leurs aînés, beaucoup d'entre eux nourrirent les prisons et augmentèrent le nombre des individus jetés sur les chemins de l'exil. Comme le nota Alexis de Tocqueville, la Révolution française enflamma à nouveau l'Europe en 1830-1831 et en 1848-1851.

La question maçonnique ressurgit avec force et vigueur vers la fin du XIXe siècle. La "cité libérale" était alors l'objet d'une lutte entre "les forces conservatrices et le socialisme"114. Les États nationaux s'organisaient et se consolidaient. La République peinait à s'imposer face à la résistance des aristocraties. L'époque voyait aussi le développement des grands services publics, en France, en Allemagne, en Angleterre. Aux côtés des carrières militaires, diplomatiques et administratives se consolidaient le pouvoir judiciaire, la police et "les services publics modernes -postes, chemin de fer, enseignement" dont le personnel était "d'origine plus démocratique et même populaire"115 . C'est dans ce cadre que se disputa la question de l'instruction publique, bataille entre l'enseignement confessionnel et l'enseignement laïque116.

La bataille scolaire n'était "qu'un des aspects du conflit qui continu[ait] entre les Églises et la laïcité". Elle s'inscrivait dans un contexte général de "fléchissement de la foi traditionnelle", de "progrès de la pensée libre" et de "désaffection des masses à l'égard des cultes traditionnels"117. Ce phénomène général était particulièrement accentué dans les régions à prépondérance industrielle et urbaine. Il n'épargnait ni les pays à majorité catholique, ni les pays à majorité protestante, ni la diaspora juive. En Occident, l'indifférentisme et l'esprit critique se développaient. Les religions alternatives pullulaient, déistes, spiritualistes, naturalistes, panthéistes, positivistes et scientistes.

C'est là que réapparaissait la franc-maçonnerie. Elle maintenait des liens diffus avec toutes ces dynamiques culturelles et religieuses, même si son rôle restait "difficile à préciser"118. Vers 1885, selon l'auteur, quelque 17000 loges groupaient plus d'un million de francs-maçons ; l'auteur proposait une estimation cartographique de leur répartition vers 1885-1900: une exception notable, même si les sources ne sont pas identifiées et si le résultat est sujet à caution119.

L'institution n'était nullement révolutionnaire, mais elle était partout une expression de "l'esprit moderne"120. Non sans exagération, ses adversaires en dénonçaient la toute-puissance. Mais n'en ignoraient-ils pas les complexités ?

Dans les États latino-catholiques, les forces laïques ne se confondaient "pas nécessairement avec l’anticléricalisme" mais s'opposaient aux prétentions hégémoniques de ceux pour qui il n'était point "de salut hors des préceptes religieux"121. Dans ces pays, la franc-maçonnerie ralliait une bonne partie du personnel gouvernemental favorable à la laïcisation et animait l’anticléricalisme. L'auteur se référait manifestement, en premier lieu, à la France, mais aussi à d'autre cas tels que l'Italie.

La moitié des effectifs mondiaux de la franc-maçonnerie se trouvaient, selon l'auteur, en Amérique du Nord. Le Royaume-Uni abritait 200000 francs-maçons. Les peuples anglo-saxons protestants cultivaient une franc-maçonnerie résolument élitiste et déiste. Au Royaume-Uni et en Scandinavie, les princes couronnés ou proches du trône acceptaient de présider à ses destinées. Les États-Unis étaient "le pays béni des sectes"122. La société s'y structuraient en communautés ethniques et spirituelles (le protestantisme, la théosophie, le spiritualisme et l'Église romaine comptant maints adeptes, cette dernière avec près de 10 millions de fidèles et 8000 édifices cultuels en 1890). La franc-maçonnerie y occupait "de fortes positions"123 et y diffusait le libéralisme utilitariste.

Qu'en était-il dans les périphéries et les semi-périphéries du monde occidental ?

Dans le monde musulman, la franc-maçonnerie était mise en relation avec les courants modernisateurs de l'Islam, tels que le babisme puis le bahaïsme qui -pétris d'une "philosophie humanitaire de caractère maçonnique"124- prônaient une vie conforme à la nature, prêchant en faveur d'une plus grande liberté individuelle et de l'égalité entre les sexes. Ils évoluèrent bientôt "vers un franc rationalisme"125. Il est vrai que ces courants -réprimés et persécutés dans leurs pays- comptaient "plus d'adeptes en Europe et en Amérique"126 qu'en Perse.

L'Amérique latine différait "profondément de l'Amérique anglo-saxonne"127. Les temps y étaient, depuis l'Indépendance, "difficiles"128. Les tensions étaient multiples. La "domination créole" s'appuyait sur l'"existence archaïque et misérable des populations indiennes" et entrait en conflit avec "la nouvelle immigration européenne"129. Malgré l'instabilité économique, l'immensité du continent et la précarité des moyens de transport émergeait un capitalisme sud-américain stimulé par l'intervention du capital européen130 . Nombre des tensions qui traversaient le sous-continent s'expliquaient par le choc entre tradition et modernité131. Les campagnes conservaient davantage les "formes archaïques", tandis que les villes créaient des "modernismes"132. Le catholicisme traditionnel était "dominateur" ; il voulait "contrôler la vie privée aussi bien que les affaires publiques" ; quand il le pouvait, "le clergé proscri[vait] la liberté de conscience, subordin[ait] les droits civiques à la qualité de catholique, se réserv[ait] l'enseignement"133. En revanche, la jeunesse urbaine illustrée y était acquise à l'idéologie du Progrès et aux modèles occidentaux qui en étaient l'incarnation (notamment le modèle français, comme en témoigne entre autre l'adaptation générale de son Code civil). Elle était parfois anticléricale ("en particulier contre les Jésuites et l'Inquisition"134). Elle s'engoua bientôt pour le positivisme. Dans ce cadre, la franc-maçonnerie se développa. Ses effectifs "imposants"135 étaient à la pointe du combat laïc, notamment en Argentine, en Uruguay, au Chili, au Mexique et au Brésil. Garibaldi et Sarmiento en étaient des exemples. Ce dernier n'avait-il pas été "le plus ardent propagandiste de l'instruction publique en Amérique du Sud, fondateur de la première école normale d'instituteurs -au Chili en 1842-, puis d'une école modèle à Buenos Aires, chef du parti libéral en Argentine, président de cette République entre 1868 et 1874 […] animateur du Grand Orient et Suprême Conseil"136? L'influence latine était donc indéniable. Pour autant, par le canal de la franc-maçonnerie anglo-saxonne, le libéralisme latino-américain s’imprégnait-il d'esprit utilitaire ?

Consacrant à la question maçonnique un espace limité mais significatif, Robert Schnerb y voyait en substance un des symboles du changement social et culturel qui traversa le XIXe siècle. D’abord modèle pour toutes les sociétés secrètes révolutionnaire (bien qu’elle-même légaliste), la franc-maçonnerie joua un rôle essentiel dans la sécularisation et la laïcisation de l’espace public, en Europe, en Amérique comme dans les terres d’Islam. L’auteur n’ignorait certes pas les profondes divergences entre la culture maçonnique latine et son homologue anglo-saxon, particulièrement en matière de sentiment religieux. Il n’approfondissant pas ce point pourtant capital. Globalement, il voyait dans la franc-maçonnerie un vecteur de modernisation culturelle et d’ascension des minorités dissidentes, un symbole du progrès dans l’histoire et de la "foi missionnaire" qui accompagna l’expansion pan-européenne:

Ceux qui montent, ce sont les roturiers d’hier : donc l'avènement du Tiers État ; ce sont les membres de sectes et de communautés longtemps persécutées -francs-maçons, dissidents, juifs- ; donc le siècle des Rothschild, de Marx et qui finit avec Einstein. La tolérance va de pair avec les énergies fécondes. La foi missionnaire - chrétienne ou scientiste- d'un quart du globe enseigne le reste. Prodigieux optimisme qui anime un Jaurès [...] comme aussi un Rockefeller : "Je ne suis jamais pessimiste. J'ai la foi en l'homme et la fraternité des hommes"137.


Conclusions

Le cas de l'histoire critique de l'opinion publique publiée au début des années 1960 par Jürgen Habermas pose une question : l'historiographie universitaire généraliste néglige-t-elle la question maçonnique ?

La World History anglo-saxonne présente à cet égard un bilan mitigé. Plusieurs ouvrages importants semblent presque imperméables à cette question. Ainsi, The Oxford History of Modern Europe n'offre que deux allusions somme toute secondaires, liées respectivement au développement de l'associationnisme politique au XIXe siècle et aux accusations portées dans les années 1930 contre Léon Blum. De même, alors que la British Craft Masonry fut une colonne vertébrale de l'empire britannique, aucune analyse significative ne lui semble consacrée dans The Oxford History of The British Empire (dont le volume III reste certes à analyser). Ce constat se répète dans Missions and Empire, un complément thématique consacré au rôle de certaines organisations non-gouvernementales dans l'expansion impériale de la Grande-Bretagne. Le constat est identique dans le récent ouvrage que Christopher Alan Bayly a consacré à la naissance du monde moderne. Exception faite d'une mention très secondaire au cas de Benjamin Franklin (XVIIIe siècle), la question maçonnique est évacuée. Plus encore, la naissance d'une société civile internationale est datée à la seconde moitié du XIXe siècle, un siècle et demi après l'invention de la franc-maçonnerie moderne. Deux des ouvrages sondés ici fournissent toutefois une exception relative. The New History of the World évoque de manière générique le rôle de la franc-maçonnerie dans la circulation transatlantique des idées modernes au XVIIIe siècle et dans les Révolutions atlantiques qui ouvrirent le XIXe siècle ; pour le dernier tiers de cette période est aussi mentionnée l'utilisation que les modernisateurs arabes et turcs firent des réseaux et méthodes maçonniques. Dans ce contexte presque désertique, certains des articles publiés dans The Encyclopedia of World History se distinguent. Tour à tour, ils évoquent les Lumières du XVIIIe siècle et les origines du mouvement maçonnique ; le XIXe siècle, les sociétés secrètes révolutionnaires, l'unification italienne et le conflit avec l'Église catholique ; le XXe siècle et la politique maçonnique des fascistes espagnols, français et allemands. Signalons aussi une entrée spécifique consacrée à la franc-maçonnerie en Amérique du Nord et, de manière anecdotique, du Sud. Mentionnons enfin quelques allusions relatives à l'Amérique latine, et notamment au conflit entre franc-maçonnerie et Église catholique au Brésil dans les années 1870. Concluons en rappelant que les fiches biographiques consacrées à certains francs-maçons notoires sont dépourvues de toute allusion à ce sujet. Globalement donc, la World History anglo-saxonne évacue la question maçonnique. Quelques épisodes particuliers -appartenant au XVIIIe siècle et aux années 1870-fournissent une exception relative. La plupart des biographies sont dépourvues de toute référence spécifique. Le cas de l'Amérique latine est complètement absent ou presque.

Faut-il donc revenir aux classiques de l'histoire globale pour mitiger ce constat ?

D'emblée, la quadrilogie consacrée aux XIXe et XXe siècles par Eric J. Hobsbawmtranche avec cette parcimonie. Une nuance s'impose toutefois : toutes les références à la franc-maçonnerie (une vingtaine au total) se concentrent dans les deux premiers volumes et concernent essentiellement la période des révolutions. Elles trouvent un écho dans d'autres ouvrages de l'auteur. Depuis quelles perspectives la question est-elle abordée? Eric J. Hobsbawm ne consacra aucune analyse approfondie à la franc-maçonnerie. En revanche, il dégagea une conceptualisation stimulante. À partir du paradigme de la double révolution du XIXe siècle, il dégagea trois axes au sujet de la question maçonnique. Premier axe : la bourgeoisie fut la classe fondamentale de la double révolution ; la franc-maçonnerie fut l'un de ses dispositifs internationaux et nationaux. Second axe : la double révolution accoucha de nouvelles cultures politiques et de nouvelles pratiques sociales ; la franc-maçonnerie en fut l'un des laboratoires ; son modèle d'organisation et ses réseaux -l'héritage le plus formidable de la Révolution française- servirent de refuge aux petites minorités distinguées de l'émancipation et du progrès qui agitèrent le XIXe siècle. Troisième axe : le XIXe siècle fut celui de l'expansion européenne et de l'occidentalisation du monde ; la franc-maçonnerie contribua à l'agrégation des élites modernisatrices périphériques, telles celles d'Amérique latine. Parsemées dans une œuvre imposante et donc peu représentatives, les références à la question maçonnique semblent conceptuellement plus solides que celles commentées antérieurement. On peut certes souligner des lacunes. Sur le plan empirique par exemple, l'auteur semble tout ignorer des franc-maçonneries anglo-saxonnes ; ses analyses semblent applicables surtout au monde latin ; l’auteur pressentit toutefois l’existence de divers courants géoculturels au sein de l’espace maçonnique international divisé, notamment en termes de sentiment religieux, entre latins et anglo-saxons.

Les analyses de Robert Schnerb complètent et, sous certains aspects, dépassent celles de Eric J. Hobsbawm. Tributaire d'une conception plus culturelle que sociale, l'historien français prêta davantage attention que son confrère anglais à la seconde moitié du XIXe siècle. Ses notes sur la question maçonnique sont regroupées en quatre séries relatives respectivement à l'ère des révolutions et au mouvement des nationalités en Europe ; à la cité libérale, au fléchissement de la foi traditionnelle et aux progrès de la pensée libre ; au courants modernisateurs présents dans le monde musulman ; et enfin à l'Amérique latine. Par ailleurs, Robert Schnerb tenta une estimation statistique des effectifs mondiaux de la franc-maçonnerie autours de 1890 : l'exception est notable. Globalement, donc, il consacra à la question maçonnique un espace limité mais significatif. D'abord modèle des sociétés secrètes révolutionnaires, bien qu'elle-même légaliste, la franc-maçonnerie avait selon lui joué un rôle essentiel dans la sécularisation et la laïcisation de l'espace public, en Europe, en Amérique et dans les terres d'Islam. L'auteur n'ignorait certes pas les divergences qui séparaient francs-maçons latins et anglo-saxons, notamment en matière de sentiment religieux. Mais, globalement, il évoquait un vecteur de modernisation culturelle et d’ascension des minorités dissidentes, symbole du progrès dans l’histoire et de la "foi missionnaire" qui anima l’expansion pan-européenne.

L'analyse présentée ici est partielle et indicative. D'autres ouvrages importants en sont justiciables. Il s'agit d'une simple boîte à outil susceptible d'alimenter un débat nécessaire non seulement au sein d'une spécialité en voie de constitution mais plus largement au sein de la communauté scientifique. On pourra noter que toutes les œuvres commentées dans ce texte sont d'origine allemande, états-unienne, britannique et française : la perspective volontiers euro-centrée de leurs auteurs s'explique facilement, même si certains font exception. Un prochain article devra donc procéder à un examen comparable pour l'historiographie universitaire latino-américaniste.

1. Parmi les bilans récents, mentionnons Guillermo de los Reyes Heredia, “Los estudios masónicos estadounidenses y su impacto en la masonería latinoamericana. Una aproximación historiográfica,” dans: REHMLAC 4, no. 1 (May-Novembre 2012): 142-159 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v4/n1/rehmlac.vol4.n1-gdelosreyes.pdf.  De los Reyes Heredia, “Presentación: Género Y Masonería En Los Albores Del Siglo XXI,” dans: REHMLAC 4, no. 2 (Décembre 2012-Avril 2013): 2-9 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v4/n2/rehmlac.vol4.n2-gdelosreyes.pdf. Felipe Santiago del Solar, “Masonología chilena. O la porfiada memoria institucional de una élite decimonónica,” dans: REHMLAC 3, no. 1 (May-Novembre 2011): 184-197 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v3/n1/rehmlac .vol3.n1-fdelsolar.pdf. José Antonio Ferrer Benimeli, “Aproximación a La Historiografía de La Masonería Latinoamericana,” dans: REHMLAC 4, no. 1 (May-Novembre 2012): 2-120 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v4/n1/rehmlac.vol4.n1-jferrer.pdf. Ferrer Benimeli, “Métodos Y Experiencias En El Estudio de La Historia de La Masonería Española,” dans: REHMLAC 1, no. 2 (Décembre 2009-Avril 2010): 45-63 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v1/n2/rehmlac.vol1.n2-jferrer.pdf. Ferrer Benimeli et Susana Cuartero Escobés, Bibliografía de La Masonería , 3 vols. (Madrid: Fundación Universitaria Española, 2004). Michel Goulart da Silva, “Os Maçons Brasileiros E Sua História,” dans: REHMLAC 2, no. 1 (May-Novembre 2010): 95-100 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v2/n1/rehmlac.vol2.n1-mgoulart.pdf. Miguel Guzmán-Stein, “En la Academia. Entrevista a la Dra. Céline Sala y al Dr. Yván Pozuelo Andrés: Estudios sobre la historia de la sociabilidad y de la masonería en España y Francia,” dans: REHMLAC 2, no. 2 (Décembre 2010-Avril 2011): 190-196 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v2/n2/rehmlac.vol2.n2-mguzman.pdf. Adam G. Kendall, “Conferencia Internacional sobre Masonería Americana y Latinoamericana: Un nuevo pasado y Un nuevo futuro (Los Ángeles, Estados Unidos, 2011),” dans: REHMLAC 4, no. 2 (Décembre 2012-Avril 2013): 172-179 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v4/n2/rehmlac.vol4.n2-akendall.pdf. Ricardo Martínez Esquivel, “Hacia la construcción de una historia social de la masonería en Centroamérica,” dans: Estudios 27 (2013 [cité 3 Octobre, 2013]): disponible dans http://revistas.ucr.ac.cr/index.php/estudios/article/view/12703/11951. Martínez Esquivel, “Reseña de Las Logias de Ultramar: En Torno a Los Orígenes de La Francmasonería En Chile, 1850-1862 de Felipe Santiago Del Solar,” dans: REHMLAC 5, no. 1 (May-Novembre 2013): 238-255 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v5/n1/rehmlac.vol5.n1-543rich.pdf. Martínez Esquivel, “Simposios Internacionales de Historia de La Masonería Latinoamericana Y Caribeña (La Habana, Cuba, 2007 Y 2008),” dans: REHMLAC 1, no. 2 (Décembre 2009-Avril 2010): 160-169 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v1/n2/rehmlac.vol1.n2-543rich.pdf. Carlos Francisco Martínez Moreno, “III Symposium Internacional de Historia de Las Masonerías Y Las Sociedades Patrióticas Latinoamericanas Y Caribeñas: masonería, independencia, revolución y secularización,” dans: REHMLAC, 3, no. 2 (Décembre 2011-Avril 2012): 310-326 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v3/n2/rehmlac.vol3.n2-cmartinezIII.pdf. Dévrig Mollès, “L’historiographie et la question maçonnique,” in Triangle atlantique et triangle latin: l’Amérique latine et le système-monde maçonnique (1717-1921) (Éléments pour une histoire des opinions publiques internationales) (Thèse pour obtenir le grade de Docteur en Histoire contemporaine, Université de Strasbourg, 2012), 31-125. Mollès, “Triangle Atlantique et Triangle Latin: l’Amérique Latine et Le Système-Monde Maçonnique (1717-1921), Éléments Pour Une Histoire Des Opinions Publiques Internationales,” dans: REHMLAC 5, no. 1 (May-Novembre 2013): 186-198 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v5/n1/rehmlac.vol5.n1-dmolles.pdf. Mollès, “Triángulo Atlántico Y Triángulo Latino: América Latina Y El Sistema-Mundo Masónico (1717-1921) (Elementos Para Una Historia de La Opinión Pública Internacional),” dans: Revista PolHis, Boletín Bibliográfico Electrónico Del Programa Buenos Aires de Historia Política 12 (2014): 352 -355. Yván Pozuelo Andrés, “La Historiografía Masónica Latinoamericanista: Presente Y Futuro,” dans Congreso Internacional 1810-2010: 200 Años de Iberoamérica (communication présentée dans XIV Encuentro de Latinoamericanistas Españoles, Santiago de Compostela (España), 2010), 281-289 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/52/92/98/PDF/AT4_Pozuelo.pdf. Pozuelo Andrés, “Presentación del debate ‘Masonería y Política’ de Managua 2010,” dans: REHMLAC 4, no. 1 (May-Novembre 2012): 160-190 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v4/n1/rehmlac.vol4.n1-543y.pdf. Esteban Sánchez Solano, “XIII Symposium Internacional de la Historia de la Masonería Española: Gibraltar, Cádiz, América y la Francmasonería: Constitucionalismo y Libertad de Prensa, 1812-2012 (Gibraltar, Reino Unido, 2012),” dans: REHMLAC 4, no. 2 (Décembre 2012-Avril 2013): 194-216 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v4/n2/rehmlac.vol4.n2-esanchez.pdf. María Eugenia Vázquez Semadeni, “Historiografía Sobre La Masonería En México. Breve Revisión,” dans: REHMLAC 2, no. 1 (May-Novembre 2010): 16-30 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v2/n1/rehmlac.vol2.n1-mvazquezI.pdf

2. Mollès, “Triangle atlantique et triangle latin” [cité 3 Octobre, 2013]: son résumé disponible dans http://www.institutdesameriques.fr/transamericaines_details.jsp?id=13756&notice_num=1

3. “Freemasonry,” The New Encyclopaedia Britannica (Chicago, London, New-Delhi, Paris, Seoul, Sydney, Tokyo: Encyclopaedia Britannica, 2002), 966.

4. Andreas Önnersfors, “Freemasons,” dans: The Encyclopedia of Global Studies, ed. Helmut K. Anheier, Mark Juergensmeyer et Victor Faessel (Thousand Oaks, California: SAGE, 2012), 607-608.

5. En 1990, dans la préface à la réédition allemande, l’auteur résumait les faiblesses de son ouvrage, telles que soulignées par d’autres auteurs depuis la publication originale: Jürgen Habermas, “Prefacio a La Nueva Edición Alemana de 1990,” dans: Historia Y Crítica de La Opinión Pública, La Transformación Estructural de La Vida Pública, trans. Francisco Javier (México: Ediciones G. Gili, 2002), 1-36.

6. Habermas, Historia Y Crítica de La Opinión Pública, 84–103.

7. Habermas, Historia Y Crítica de La Opinión Pública, 339. Bernard Faÿ, La Franc-maçonnerie et la révolution intellectuelle du XVIIIe siècle (Paris: Éditions de Cluny, 1935). Faÿ, La francmasonería y la revolución intelectual del siglo XVIII, trans. José Luis Muñoz Azpiri (Buenos Aires: Huëmul, 1963). Faÿ, alors professeur au Collège de France, était un catholique et monarchiste de droite trés engagé dans la lutte contre la franc-maçonnerie. Lors de l’Occupation allemande (1940-1945), il collabora étroitement avec l’Allemagne et le gouvernement de Vichy se convertissant en un des chefs d’orchestre de la lutte contre les sociétés secrètes et la franc-maçonnerie, perçue comme un réseau d’influence anglo-saxonne et une des causes de la Révolution française, de la Troisième République, etc.

8. Parmi les récentes publications sur le sujet: Caroline Douki et Philippe Minard, “Histoire Globale, Histoires Connectées: Un Changement D’échelle Historiographique? Introduction,” dans: Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine 54-55 (May 2007). Laurent Testot, ed., Histoire Globale, Un Autre Regard Sur Le Monde (Paris: Sciences Humaines, 2008). Jean-François Sirinelli, ed., Désenclaver l’histoire. Nouveaux regards sur le XXe siècle français (Paris: CNRS Éditions, 2013).

9. Richard J. Evans, “Introducción,” dans: ¿Qué Es La Historia?, Edward Hallet Carr, ed. R. W. Davies, trans. Joaquín Romero Maura (Barcelona: Planeta - Ariel, 2010), 33-35.

10. Christopher Alan Bayly, Naissance du monde moderne, trans. Michel Cordillot (Paris: Le Monde diplomatique-Les Éditions de l’Atelier-Éditions ouvrières, 2006), 84-85 [cité 3 Octobre, 2013]: disponible dans http://boutique .monde -diplomatique.fr/la-naissance-du-monde-moderne-1780-1914-1637.html (Le titre original de l’ouvrage, publié en anglais en 2004, est The Birth of the Modern World: Global Connections and Comparisons, 1780-1914).

11. Bayly, Naissance du monde moderne, 86.

12. Bayly, Naissance du monde moderne, 86.

13. Bayly, Naissance du monde moderne, 271.

14. Timothy C. W. Blanning ed., The Oxford History of Modern Europe (Oxford University Press, 2000).

15. Blanning, “The Commercialization and Sacralization of European Culture in the Nineteenth Century,” dans: The Oxford History of Modern Europe, Blanning ed. (Oxford University Press, 2000), 140.

16. Paul Preston, “The Great Civil War: European Politics (1914-1945),” dans: The Oxford History of Modern Europe, 173.

17. Judith M. Brown et Williams Roger Louis eds., The Twentieth Century, The Oxford History of the British Empire 4 (Oxford University Press, 1999), VII.

18. Le contexte de démembrement de l’empire colonial britannique est explicité dans l’introduction générale, qui cependant souligne les exceptions de quelques fragments résiduels tels que Gibraltar et les Îles Malouines, que l’État britannique qualifie de Falkland. Rappelons que les Îles Malouines sont revendiquées par la République Argentine, avec l’appui de l’UNASUR et du Comité pour la décolonisation de l’ONU.

19. Brown et Roger Louis, The Twentieth Century, VIII.

20. Brown et Roger Louis, The Twentieth Century, 16.

21. Robert Hyam, Britain’s Imperial Century (1815-1914) ( Oxford University Press, 1993).

22. Robin W. Winks ed., Historiography, The Oxford History of the British Empire 5 (Oxford University Press, 1999).

23. Norman Etherington, Missions and Empire, The Oxford History of the British Empire Companion 1 (Oxford University Press, 2005).

24. Andrew Porter ed., The Nineteenth Century, The Oxford History of the British Empire 3 (Oxford University Press, 1999).

25. John Morris Roberts, The Mythology of the Secret Societies (Londres: Watkins, 2008).

26. Roberts, The New History of the World (Oxford University Press, 2003), 676.

27. Roberts, The New History of the World, 935 et 937.

28. Verónica M. Ziliotto et Diego I. Murguía, Silvana A. Gaeta, Emiliano J. Buis (Université de Buenos Aires); Céline Swicegood (La Sorbonne).

29. Marsha E. Ackermann et al., eds., The Ancient World (Prehistoric Eras to 600 c.e.), The Encyclopedia of World History 1 (New York: Facts on Files, 2008), VII.

30. William L. Langer, The Encyclopedia of World History: Ancient, Medieval, and Modern, Chronologically Arranged (1940), ed. Peter N. Stearns (Boston: Houghton Mifflin Company, 2001).

31. Ackermann et al., The Ancient World (Prehistoric Eras to 600 c.e.), VII.

32. Marsha E. Ackermann et al., eds., Age of Revolution and Empire (1750 to 1900), The Encyclopedia of World History 4 (New York: Facts on Files, 2008).

33. Norman C. Rothman, “The Enlightment,” dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900), ed. Marsha E. Ackermann et al. (New York: Facts on Files, 2008), 121.

34. John F. Murphy Jr., “Joseph II (1741–1790) Holy Roman Emperor and ruler of the Habsburg lands,” dans: Age of Revolution and Empire, 206.

35. Murphy Jr., “Ferdinand VII (1784–1833) king of Spain",” dans: Age of Revolution and Empire, 129.

36. William J. Turner, “Vatican I Council (1869–1870),” dans:n Age of Revolution and Empire, 430.

37. Patit Paban Mishra, “Italian nationalism/unification,” dans: Age of Revolution and Empire, 195.

38. James Russell, “Leo XIII (1810-1903) Roman Catholic pope,” dans: Age of Revolution and Empire, 235.

39. Jason A. Mead, “Freemasonry in North and Spanish America,” dans: Age of Revolution and Empire, 139-140.

40. John H. Barnhill, “Immigration, North America and,” dans: Age of Revolution and Empire , 189.

41. Justin Corfield, “O’Higgins, Bernardo (1778-1842) Chilean military and political leader,” dans: Age of Revolution and Empire, 313.

42. Mélanie A. Bailey, “Brazil, independence to republic,” dans: Age of Revolution and Empire, 60-63.

43. Nancy Pippen Eckerman, “Pedro II (1825-1891) Brazilian ruler,” dans: Age of Revolution and Empire, 325-326.

44. Marsha E. Ackermann, “Franklin, Benjamin (1706-1790) American printer, scientist, statesman,” dans: Age of Revolution and Empire, 134-136.

45. Norman C. Rothman, “Garibaldi, Giuseppi (1807-1882) unifier of Italy,” dans: Age of Revolution and Empire, 140-150.

46. Michael J. Schroeder, “Juárez, Benito (1806-1872) Mexican president,” dans: Age of Revolution and Empire, 206-208.

47. Schroeder, “Sarmiento, Domingo Faustino (1811-1888) Argentine president and statesman,” dans: Age of Revolution and Empire, 371-372.

48. Ackermann et al., eds., Crisis and Achievement (1900 to 1950), The Encyclopedia of World History 5 (New York: Facts on Files, 2008).

49. Justin Corfield, “Franco, Francisco (1892-1975) Spanish dictator,” dans: Crisis and Achievement (1900 to 1950), ed. Ackermann et al. (New York: Facts on Files, 2008), 110.

50. Sally Marks, “Holocaust, the,” dans: Crisis and Achievement, 151.

51. Andrew Kellett, “Vichy France,” dans: Crisis and Achievement, 402.

52. Ce concept est formulé à de nombreuses reprises. On en trouvera une synthèse dans Eric John Ernest Hobsbawm, La Era de Los Imperios (1875-1914) (Barcelona: Crítica, 1995), 16; Eric John Ernest Hobsbawm, La Era de La Revolución (1789-1848), trans. Felipe Xímenez de Sandoval (Barcelona: Crítica, 1997), 61-62 dans la note 1, 62, l’auteur précise que “cette différence entre les influences française et anglaise ne peut être portée à l’excès. Aucun des centres de la double révolution ne limita son influence à un champ spécifique de l’activité humaine et les deux furent complémentaires plus que rivaux. Cependant, bien que les deux coïncident -par exemple dans le socialisme, qui fut inventé et baptisé presque simultanément dans les deux pays- ils convergent depuis des directions différentes”).

53. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 28.

54. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 28.

55. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 28.

56. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 28.

57. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 28.

58. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 61.

59. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 66-67. Une autre allusion à Mozart et à son “œuvre de propagande de la très politique franc-maçonnerie”dans : “Las artes”, Hobsbawm, La Era de La Revolución, 260.

60. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 87.

61. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 88.

62. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 88.

63. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 119.

64. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 121.

65. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 122.

66. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 122.

67. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 123.

68. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 272.

69. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 147; Des notes sur le pan-hellenisme dans Hobsbawm, La Era de La Revolución, 147; Voir aussi la conclusion de Hobsbawm, La Era de La Revolución , 133-137.

70. Hobsbawm, La Era Del Capital (1848-1875), trans. Felipe Xímenez de Sandoval (Barcelona: Crítica, 1998), 239-260.

71. Hobsbawm, La Era Del Capital, 250.

72. Hobsbawm, La Era Del Capital, 253.

73. Hobsbawm, La Era Del Capital, 253.

74. Hobsbawm, La Era Del Capital, 253.

75. Hobsbawm, La Era Del Capital, 253.

76. Hobsbawm, La Era Del Capital, 253.

77. Hobsbawm, La Era Del Capital, 337 (n. 28).

78. Hobsbawm, La Era Del Capital, 282.

79. “La carrera abierta al talento”, Hobsbawm, La Era de La Revolución, 194.

80. “La carrera abierta al talento”, Hobsbawm, La Era de La Revolución, 196 (“L’ethos de la haute-administration civile du XIXe siècle était fondamentalement celui des Lumières du XVIIIe siècle: maçonnique et joséphien en Europe centrale et orientale, napoléonien en France, libéral et anticlérical dans les autres pays latins, benthamite en Angleterre”).

81. Hobsbawm, La Era Del Capital, 282.

82. Hobsbawm, La Era Del Capital, 279.

83. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 223.

84. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 223.

85. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 227-233.

86. Hobsbawm, La Era de La Revolución, 225.

87. Hobsbawm, La Era Del Capital, 282.

88. Hobsbawm, La Era Del Capital, 253.

89. Hobsbawm, La Era Del Capital, 282.

90. Hobsbawm, La Era Del Capital, 129.

91. Hobsbawm, La Era Del Capital, 131.

92. Hobsbawm, La Era Del Capital, 128-129.

93. Hobsbawm, La Era Del Capital, 131.

94. Hobsbawm, La Era Del Capital, 131.

95. Hobsbawm, La Era Del Capital, 131.

96. Hobsbawm, La Era Del Capital, 132.

97. Hobsbawm, La Era Del Capital, 132.

98. Hobsbawm, Rebeldes primitivos, Estudio sobre las formas arcaicas de los movimientos sociales en los siglos XIX y XX, trans. Joaquín Romero Maura (Barcelona: Ariel, 1983), 54, 84, 86 (Mafia sicilienne); 122, 123 (anarchistes andalous); 178 (la turba urbana); 193 (les sectes ouvrières); 230, 231, 232, 234, 238, 239, 243, 245, 246, 247, 248, 249, 250, 251, 255, 260 (le rituel dans les mouvements sociaux), 350 (document).

99. Hobsbawm, Bandidos, trans. Jordi Beltrán (Barcelona: Crítica, 1991). Hobsbawm, Nación Y Nacionalismos Desde 1780, trans. Felipe Xímenez de Sandoval (Barcelona: Crítica, 1998).

100. Hobsbawm, Historia Del Siglo XX (Buenos Aires: Crítica, 1998), 162 (“Los liberales bienintencionados, anticlericales y masónicos al estilo decimonónico propio de los países latinos, que reemplazaron en el poder a los Borbones mediante una revolución pacífica en 1931, ni pudieron contener la agitación social de los más pobres, ni desactivarla mediante reformas sociales efectivas (especialmente agrarias). En 1933 fueron sustituidos por unos gobernantes conservadores cuya política de represión de las agitaciones y las insurrecciones locales, como el levantamiento de los mineros de Asturias en 1934, contribuyó a aumentar la presión revolucionaria. Fue en esa época cuando la izquierda española descubrió la fórmula frentepopulista de la Comintern, a la que se le instaba desde la vecina Francia. La idea de que todos los partidos constituyeran un único frente electoral contra la derecha fue bien recibida por una izquierda que no sabía muy bien qué rumbo seguir. Incluso los anarquistas, que tenían en España su último bastión de masas, pidieron a sus seguidores que practicaran el vicio burgués de votar en unas elecciones, que hasta entonces habían rechazado como algo indigno de un revolucionario genuino, aunque ningún anarquista se rebajó hasta el punto de presentarse como candidato. En febrero de 1936 el Frente Popular triunfó en las elecciones por una pequeña mayoría y, gracias a su coordinación, consiguió una importante mayoría de escaños en las Cortes. Esa victoria no fue tanto la ocasión de instaurar un gobierno eficaz de la izquierda como una fisura a través de la cual comenzó a derramarse la lava acumulada del descontento social. Eso se hizo patente durante los meses siguientes”).

101. Cette revue fut créée en 1876 par le protestant Gabriel Monod et le catholique Gustave Fagniez. Ne se réclamant d’aucune confession ni d’aucune doctrine particulière, elle attira de nombreux auteurs issus des milieux protestant et libre-penseur. Fagniez démissionna en 1881, irrité par les attaques de nombre d’entre eux contre l’Église catholique. La revue est ouverte aux interprétations des différentes écoles historiques, sans exclusive, à condition que les sujets soient traités avec la rigueur scientifique nécessaire à la discipline. Cette perspective généraliste a pour but de transmettre les acquis et les ouvertures de la recherche récente en Histoire. Parmi ses éditeurs récents, mentionnons Jean-François Sirinelli, René Rémond, Georges Duby, Maurice Crouzet et, avant la Guerre, Pierre Renouvin, entre autres. Pour approfondir, voir Guy Bourdé and Hervé Martin, Les Écoles Historiques (Paris: Le Seuil, 1983), 182-188.

102. À l’Institut Français d’Amérique Latine (México), dont les responsables du moment ignoraient visiblement l’histoire et la valeur de cette collection, vendue à prix modique en 2006 à l’occasion d’une vente d’ouvrages anciens.

103. Claudine Hérody-Pierre, Robert Schnerb, Un Historien Dans Le Siècle 1900-1962, Une Vie Autour D’une Thèse (Paris: L’Harmattan, 2011); voir aussi Jean-François Sirinelli, Génération Intellectuelle, Khâgneux et Normaliens Dans l’Entre-Deux-Guerres (Paris: Presses Universitaires de France, 1994).

104. Robert Schnerb, Le XIXe siècle, L’apogée de l’expansion européenne, ed. Maurice Crouzet, Deuxième édition revue et corrigée, Histoire générale des civilisations, VI (Paris: Presses Universitaires de France, 1957), 2.

105. Schnerb, Le XIXe siècle, 75-77.

106. Schnerb, Le XIXe siècle, 75-76.

107. Schnerb, Le XIXe siècle, 75-77.

108. Schnerb, Le XIXe siècle, 75-77.

109. Schnerb, Le XIXe siècle, 75-77.

110. Schnerb, Le XIXe siècle, 75-77.

111. Schnerb, Le XIXe siècle, 77.

112. Schnerb, Le XIXe siècle, 76.

113. Schnerb, Le XIXe siècle, 75-77.

114. Schnerb, Le XIXe siècle, 232-259.

115. Schnerb, Le XIXe siècle, 234-235.

116. Schnerb, Le XIXe siècle, 235-236.

117. Schnerb, Le XIXe siècle, 236-238.

118. Schnerb, Le XIXe siècle, 236-238.

119. Schnerb, Le XIXe siècle, 237; Une analyse précise, documentée et cartographiée de la sphère maçonnique mondiale en 1914 dans Mollès, “Triangle atlantique et triangle latin”, chap. 5 y anexo 5.

120. Schnerb, Le XIXe siècle, 349.

121. Schnerb, Le XIXe siècle, 235.

122. Schnerb, Le XIXe siècle, 316-321.

123. Schnerb, Le XIXe siècle, 316-321.

124. Schnerb, Le XIXe siècle, 349.

125. Schnerb, Le XIXe siècle, 349.

126. Schnerb, Le XIXe siècle, 349.

127. Schnerb, Le XIXe siècle, 321-347.

128. Schnerb, Le XIXe siècle, 321-347.

129. Schnerb, Le XIXe siècle, 324-327.

130. Schnerb, Le XIXe siècle, 328-331.

131. Schnerb, Le XIXe siècle, 331-333.

132. Schnerb, Le XIXe siècle, 331.

133. Schnerb, Le XIXe siècle, 332.

134. Schnerb, Le XIXe siècle, 332.

135. Schnerb, Le XIXe siècle, 332.

136. Schnerb, Le XIXe siècle, 332.

137. Schnerb, Le XIXe siècle, 544.

Bibliographie

Ackermann, Marsha E. “Franklin, Benjamin (1706-1790) American printer, scientist, statesman.” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Ackermann, Marsha E., Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, and Mark F. Whitters, eds. Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Ackermann, Marsha E., Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, and Mark F. Whitters, eds. Crisis and Achievement (1900 to 1950). The Encyclopedia of World History 5. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Ackermann, Marsha E., Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, and Mark F. Whitters, eds. The Ancient World (Prehistoric Eras to 600 c.e.). The Encyclopedia of World History 1. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Bailey, Mélanie A. “Brazil, independence to republic.” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Barnhill, John H. “Immigration, North America and.” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Bayly, Christopher Alan. Naissance du monde moderne. Traduit par Michel Cordillot. Paris: Le Monde diplomatique - Les Éditions de l’Atelier - Éditions ouvrières,         [ Links ] 2006.

Blanning, Timothy C. W. “The Commercialization and Sacralization of European Culture in the Nineteenth Century.” Dans: The Oxford History of Modern Europe. Édité par Timothy C. W. Blanning. Oxford University Press, 2000.         [ Links ]

Blanning, Timothy C. W. The Oxford History of Modern Europe. Oxford University Press, 2000.         [ Links ]

Bourdé, Guy, et Hervé Martin. Les Écoles Historiques. Paris: Le Seuil, 1983.         [ Links ]

Brown, Judith M., et Williams Roger Louis, eds. The Twentieth Century. The Oxford History of the British Empire 4. Oxford University Press, 1999.         [ Links ]

Corfield, Justin. “Franco, Francisco (1892–1975) Spanish dictator.” Dans: Crisis and Achievement (1900 to 1950). The Encyclopedia of World History 5. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Corfield, Justin. “O’Higgins, Bernardo (1778-1842) Chilean military and political leader.” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 5. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

De los Reyes Heredia, Guillermo. “Los estudios masónicos estadounidenses y su impacto en la masonería latinoamericana. Una aproximación historiográfica.” Dans: REHMLAC 4, no. 1 (May-Novembre 2012): 142-159. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v4/n1/rehmlac.vol4.n1-gdelosreyes.pdf.         [ Links ]   

De los Reyes Heredia, Guillermo. “Presentación: Género Y Masonería En Los Albores Del Siglo XXI.” Dans: REHMLAC 4, no. 2 (Décembre 2012-Avril 2013): 2-9. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v4/n2/rehmlac.vol4.n2-gdelosreyes.pdf.         [ Links ]

Del Solar, Felipe Santiago. “Masonología chilena. O la porfiada memoria institucional de una élite decimonónica.” Dans: REHMLAC 3, no. 1 (May-Novembre 2011): 184-197. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v3/n1/rehmlac.vol3.n1-fdelsolar.pdf.         [ Links ]

Douki, Caroline, et Philippe Minard. “Histoire Globale, Histoires Connectées: Un Changement D’échelle Historiographique? Introduction.” Dans: Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine 54-55 (2007).         [ Links ]

Etherington, Norman. Missions and Empire. The Oxford History of the British Empire Companion 1. Oxford University Press, 2005.         [ Links ]

Evans, Richard J. “Introducción.” Dans: ¿Qué Es La Historia?, Edward Hallet Carr. Édité par R. W. Davies. Traduit par Joaquín Romero Maura. Barcelona: Planeta-Ariel, 2010.         [ Links ]

Fay, Bernard. La Franc-maçonnerie et la révolution intellectuelle du XVIIIe siècle. Paris: Éditions de Cluny, 1935.         [ Links ]

Fay, Bernard. La francmasonería y la revolución intelectual del siglo XVIII. Traduit par José Luis Muñoz Azpiri. Buenos Aires: Huëmul, 1963.         [ Links ]

Ferrer Benimeli, José Antonio et Susana Cuartero Escobés. Bibliografía de La Masonería. Madrid: Fundación Universitaria Española, 2004.         [ Links ]

Ferrer Benimeli, José Antonio. “Métodos Y Experiencias En El Estudio de La Historia de La Masonería Española.” Dans: REHMLAC 1, no. 2 (Décembre 2009-Avril 2010): 45-63. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v1/n2/rehmlac.vol1.n2-jferrer.pdf         [ Links ]

Ferrer Benimeli, José Antonio. “Aproximación a La Historiografía de La Masonería Latinoamericana.” Dans: REHMLAC 4, no. 1 (May-Novembre 2012): 2-120. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v4/n1/rehmlac.vol4.n1-jferrer.pdf         [ Links ]

“Freemasonry.” The New Encyclopaedia Britannica. Chicago, London, New-Delhi, Paris, Seoul, Sydney, Tokyo: Encyclopaedia Britannica, 2002.         [ Links ]

Goulart da Silva, Michel, “Os Maçons Brasileiros E Sua História.” Dans: REHMLAC 2, no. 1 (May-Novembre 2010): 95-100. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v2/n1/rehmlac.vol2.n1-mgoulart.pdf         [ Links ]

Guzmán-Stein, Miguel. “En la Academia. Entrevista a la Dra. Céline Sala y al Dr. Yván Pozuelo Andrés: Estudios sobre la historia de la sociabilidad y de la masonería en España y Francia.” Dans: REHMLAC 2, no. 2 (Décembre 2010-Avril 2011): 190-196. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v2/n2/rehmlac.vol2.n2-mguzman.pdf         [ Links ]

Habermas, Jürgen. Historia Y Crítica de La Opinión Pública, La Transformación Estructural de La Vida Pública. Traduit par Antonio Doménech, Rafaël Grasa et Francisco Javier. México: G. Gili ed., 2002.         [ Links ]

Habermas, Jürgen. “Prefacio a La Nueva Edición Alemana de 1990.” Dans: Historia Y Crítica de La Opinión Pública, La Transformación Estructural de La Vida Pública. Traduit par Francisco Javier. México: Ediciones G. Gili, 2002.         [ Links ]

Hérody-Pierre, Claudine. Robert Schnerb, Un Historien Dans Le Siècle 1900-1962, Une Vie Autour D’une Thèse. Paris: L’Harmattan, 2011.         [ Links ]

Hobsbawm, Eric John Ernest. Bandidos. Traduit par Jordi Beltrán. Barcelona: Crítica, 1991.         [ Links ]

Hobsbawm, Eric John Ernest. Historia Del Siglo XX. Buenos Aires: Crítica, 1998.         [ Links ]

Hobsbawm, Eric John Ernest. La Era de La Revolución (1789-1848). Traduit par Felipe Xímenez de Sandoval. Barcelona: Crítica, 1997.         [ Links ]

Hobsbawm, Eric John Ernest. La Era de Los Imperios (1875-1914). Barcelona: Crítica, 1995.         [ Links ]

Hobsbawm, Eric John Ernest. La Era Del Capital (1848-1875). Traduit par Felipe Xímenez de Sandoval. Barcelona: Crítica, 1998.         [ Links ]

Hobsbawm, Eric John Ernest. Nación Y Nacionalismos Desde 1780. Traduit par Felipe Xímenez de Sandoval. Barcelona: Crítica, 1998.         [ Links ]

Hobsbawm, Eric John Ernest. Rebeldes primitivos, Estudio sobre las formas arcaicas de los movimientos sociales en los siglos XIX y XX. Traduit par Joaquín Romero Maura. 3rd ed. Barcelona: Ariel, 1983.         [ Links ]

Hyam, Robert. Britain’s Imperial Century (1815-1914). Oxford University Press, 1993.         [ Links ]

Kellett, Andrew. “Vichy France.” Dans: Crisis and Achievement (1900 to 1950). The Encyclopedia of World History 5. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Kendall, Adam G. “Conferencia Internacional sobre Masonería Americana y Latinoamericana: Un nuevo pasado y Un nuevo futuro (Los Ángeles, Estados Unidos, 2011).” Dans: REHMLAC 4, no. 2 (Décembre 2012-Avril 2013): 172-179. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v4/n2/rehmlac.vol4.n2-akendall.pdf         [ Links ]

Langer, William L. The Encyclopedia of World History: Ancient, Medieval, and Modern, Chronologically Arranged. Édité par Peter N. Stearns. Boston: Houghton Mifflin Company, 2001.         [ Links ]

Marks, Sally. “Holocaust, the.” Dans: Crisis and Achievement (1900 to 1950). The Encyclopedia of World History 5. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Martínez Esquivel, Ricardo. “Simposios Internacionales de Historia de La Masonería Latinoamericana Y Caribeña (La Habana, Cuba, 2007 Y 2008).” Dans: REHMLAC 1, no. 2 (Décembre 2009-Avril 2010): 160-169. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v1/n2/rehmlac.vol1.n2-543rich.pdf         [ Links ]

Martínez Esquivel, Ricardo. “Reseña de Las Logias de Ultramar: En Torno a Los Orígenes de La Francmasonería En Chile, 1850-1862 de Felipe Santiago Del Solar.” Dans: REHMLAC 5, no. 1 (May-Novembre 2013): 238-255. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v5/n1/rehmlac.vol5.n1-543rich.pdf         [ Links ]

Martínez Esquivel, Ricardo. “Hacia la construcción de una historia social de la masonería en Centroamérica.” Dans: Estudios 27 (2013). Disponible dans http://revistas.ucr.ac.cr/index.php/estudios/article/view/12703/11951         [ Links ]

Martínez Moreno, Carlos Francisco. “III Symposium Internacional de Historia de Las Masonerías Y Las Sociedades Patrióticas Latinoamericanas Y Caribeñas: masonería, independencia, revolución y secularización.” Dans: REHMLAC, 3, no. 2 (Décembre 2011-Avril 2012): 310-326. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v3/n2/rehmlac.vol3.n2-cmartinezIII.pdf         [ Links ]

Mead, Jason A. “Freemasonry in North and Spanish America.” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Mollès, Dévrig. “L’historiographie et la question maçonnique.” In Triangle atlantique et triangle latin: l’Amérique latine et le système-monde maçonnique (1717-1921) (Éléments pour une histoire des opinions publiques internationales.” Thèse pour obtenir le grade de Docteur en Histoire contemporaine. Université de Strasbourg, 2012. Disponible dans http://www.institutdesameriques.fr/transamericaines_details.jsp?id=13756&notice_nu m=1         [ Links ]

Mollès, Dévrig. “Triangle Atlantique et Triangle Latin: l’Amérique Latine et Le Système-Monde Maçonnique (1717-1921), Éléments Pour Une Histoire Des Opinions Publiques Internationales.” Dans: REHMLAC 5, no. 1 (May-Novembre 2013): 186-198. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v5/n1/rehmlac.vol5.n1-dmolles.pdf         [ Links ]

Mollès, Dévrig. “Triángulo Atlántico Y Triángulo Latino: América Latina Y El Sistema-Mundo Masónico (1717-1921) (Elementos Para Una Historia de La Opinión Pública Internacional).” Dans: Revista PolHis, Boletín Bibliográfico Electrónico Del Programa Buenos Aires de Historia Política 12 (2014): 352-355.         [ Links ]

Murphy Jr., John F. “Ferdinand VII (1784–1833) king of Spain". Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Murphy Jr., John F. “Joseph II (1741–1790) Holy Roman Emperor and ruler of the Habsburg lands.” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Önnersfors, Andreas. “Freemasons.” Dans: The Encyclopedia of Global Studies. Édité par Helmut K. Anheier, Mark Juergensmeyer et Victor Faessel. Thousand Oaks, CA: SAGE, 2012.         [ Links ]

Paban Mishra, Patit. “Italian nationalism/unification.” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Pippen Eckerman, Nancy. “Pedro II (1825-1891) Brazilian ruler.” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Porter, Andrew, ed. The Nineteenth Century. The Oxford History of the British Empire 3. Oxford University Press, 1999.         [ Links ]

Pozuelo Andrés, Yván. “La Historiografía Masónica Latinoamericanista: Presente Y Futuro.” Dans Congreso Internacional 1810-2010: 200 Años de Iberoamérica. Communication présentée  dans XIV    Encuentro  de    Latinoamericanistas    Españoles.    Santiago  de
Compostela,    España,    2010.    Disponible    dans http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/52/92/98/PDF/AT4_Pozuelo.pdf         [ Links ]

Pozuelo Andrés, Yván. “Presentación del debate ‘Masonería y Política’ de Managua 2010.” Dans: REHMLAC 4, no. 1 (May-Novembre 2012): 160-190. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v4/n1/rehmlac.vol4.n1-543y.pdf         [ Links ]

Preston, Paul. “The Great Civil War: European Politics (1914-1945).” Dans: The Oxford History of Modern Europe. Édité par Timothy C. W. Blanning. Oxford University Press, 2000.         [ Links ]

Roberts, John Morris. The Mythology of the Secret Societies. London: Watkins, 2008.         [ Links ]

Roberts, John Morris. The New History of the World. Oxford University Press, 2003.         [ Links ]

Rothman, Norman C. “Garibaldi, Giuseppi (1807-1882) unifier of Italy.” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Rothman, Norman C. “The Enlightment.” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Russell, James. “Leo XIII (1810-1903) Roman Catholic pope.” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Sánchez Solano, Esteban. “XIII Symposium Internacional de la Historia de la Masonería Española: Gibraltar, Cádiz, AmErica y la Francmasonería: Constitucionalismo y Libertad de Prensa, 1812-2012 (Gibraltar, Reino Unido, 2012).” Dans: REHMLAC 4, no. 2 (Décembre 2012-Avril 2013): 194-216. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v4/n2/rehmlac.vol4.n2-esanchez.pdf         [ Links ]

Schnerb, Robert. Le XIXe siècle, L’apogée de l’expansion européenne. Edited by Maurice Crouzet. Paris: Presses Universitaires de France, 1957.         [ Links ]

Schroeder, Michael J. “Juárez, Benito (1806-1872) Mexican president.” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Schroeder, Michael J. “Sarmiento, Domingo Faustino (1811–1888) Argentine president and statesman.” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Sirinelli, Jean-François, ed. Désenclaver l’histoire. Nouveaux regards sur le XXe siècle français. Paris: CNRS Éditions, 2013.         [ Links ]

Sirinelli, Jean-François. Génération Intellectuelle, Khâgneux et Normaliens Dans l’Entre-Deux-Guerres. Paris: Presses Universitaires de France, 1994.         [ Links ]

Testot, Laurent, ed. Histoire Globale, Un Autre Regard Sur Le Monde. Paris: Sciences Humaines, 2008.         [ Links ]

Turner, William J. “Vatican I Council (1869-1870).” Dans: Age of Revolution and Empire (1750 to 1900). The Encyclopedia of World History 4. Édité par Marsha E. Ackermann, Michael J. Schroeder, Janice J. Terry, Jiu-Hwa Lo Upshur, et Mark F. Whitters. New York: Facts on Files, 2008.         [ Links ]

Vázquez Semadeni, María Eugenia. “Historiografía Sobre La Masonería En México. Breve Revisión.” Dans: REHMLAC 2, no. 1 (May-Novembre 2010): 16-30. Disponible dans http://rehmlac.com/recursos/vols/v2/n1/rehmlac.vol2.n1-mvazquezI.pdf         [ Links ]

Winks, Robin W., ed. Historiography. The Oxford History of the British Empire 5. Oxford University Press, 1999.         [ Links ]

*Correspondencia a: Docteur en Histoire, Université de Strasbourg, France. Director de Archivo de la Gran Logia Argentina.E-mail : devrigmolles@gmail.com

Date de réception: 20 Novembre 2013 - Date d’acceptation: 15 Février 2014

Creative Commons License All the contents of this journal, except where otherwise noted, is licensed under a Creative Commons Attribution License